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Imagine-t-on qu'à la veille de fuir la capitale, le 2 septembre 1914, le gouvernement français convoque Mme Fraya, une voyante mondaine, pour lui demander si l'ennemi s'emparera de Paris ? Sait-on que le président Raymond Poincaré a reçu cette même Mme Fraya à l'Élysée en 1917 pour lui poser des questions sur la fin de la guerre ? Ou encore qu'il a reçu une jeune bergère vendéenne qui, se croyant une nouvelle Jeanne d'Arc, prétendait avoir reçu de Dieu la mission de bouter l'ennemi hors de France ? Le prophétisme et la voyance : un aspect méconnu de la Grande Guerre.
Pour répondre aux angoisses des Français, en ces temps de malheur, d'innombrables prédictions, des plus farfelues souvent, professées par divers charlatans, voyants, médiums ou autres tireuses de cartes, sont faites. Cette envolée de l'irrationnel est conditionnée par la peur de la mort. On se raccroche à tout ce qui peut redonner un peu de confiance. Jean-Yves Le Naour rend compte ici d'une culture populaire, longtemps ignorée par les historiens, et offre une nouvelle approche pour la compréhension du premier conflit mondial.
La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires disait Clémenceau, c’est pourtant une bonne part de la société française de la Première Guerre qui s’avère irrationnelle.
De Poincaré, président de la République, qui déclare qu'il irait jusqu'à recevoir le diable à l'Elysée s'il pouvait l'aider à gagner la guerre, aux poilus attachés à leurs gri-gris, tous baignent dans un climat de superstition hérité de la fin du XIXeme siècle que ressuscite ici J-Y Le Naour.
Un pan méconnu de notre histoire, à considérer pour mieux comprendre.