En cours de chargement...
Paule est morte et son amant inconsolable pleure leur histoire de bistro en bistro. Ne lui restent de sa belle Flamande que trois lettres cent fois relues et un pull angora qui conserve son odeur. Il quitte son travail, prend la fuite et s?installe dans une petite bourgade du bord de la Meuse. Loin des lieux qui l?ont vu tituber de douleur et de trop de petits vins du Rhin, il se met à écrire.
?Où sont ceux qui nous ont quittés, sinon dans nos mémoires et dans nos phrases ? Dans ses cahiers, il retrouve les rires et les baisers de Paule la caressante, mais aussi son visage défait par la maladie.
Revient également le souvenir mauvais de celle qui n?a pas su l?aimer, la mère, « putain et fière de l?être ». Dans quel pays, dans les bras de quel homme s?abandonne-t-elle aujourd?hui ?
?Mais on ne peut vivre toujours avec les morts. Le pull angora a perdu son parfum, il dérive avec les mots de Paule, emporté par le courant de la Meuse. La souffrance s?efface, et la beauté insolente de Reine, qui promène sa rousseur flamboyante dans la petite ville, est un appel à la vie et à ses promesses.
?
?
?
Délicat, et grave
« Puis dans les jardins de Lochristi, parmi les anthémis jaunes, Paule est venue. Paule est venue bien des années plus tard, verser l’oubli sur tout cela, sur la lie et la boue, Paule qui était la vérité et l’onguent. »
Premier roman de Philippe Claudel, quelques petites maladresses, mais déjà la " patte Claudel» .C’est inutile de chercher matière à rire, chez lui, c’est la tristesse, le malheur, la noirceur qui dominent….mais quel talent !!
Philippe Claudel nous parle du deuil, de la perte, et du long chemin vers le renoncement, l’acceptation. Le narrateur meurtri par la perte de Paule, sa bien-aimée, fuit, pour se poser là où Paule ne se rappellera pas à lui…Et pourtant, Paule est partout.
Ce deuil de la femme aimée, est aussi l’occasion du deuil de la mère, de ses blessures d’enfance ; lui qui n’a jamais été autre chose que « Filsaputain »
Le déroulé de ce court roman, est assez lent, mais cependant fluide aidé par de courts chapitres, et d’un phrasé aux mots percutants, choisis, presque taillés sur mesure pour mieux coller aux divers personnages.
A chaque fois Claudel me surprend car il se renouvelle, à chaque fois il sait trouver juste ce qu’il faut de gravité et soyeux pour me toucher, et me donner envie d’y revenir au plus vite.