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Passionnant
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XIXe siècle
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Vibrant
Le moins que je puisse dire, c'est que les éditions Rue de Sèvres ont fait déjà du beau travail car cette bande dessinée est fort bien mise en valeur dans cet album de haute qualité. Le prix est en conséquence, mais franchement, on ne se moque pas du lecteur cette fois. Papier de belle qualité, habillage soigné, voilà un album que l'on garde précieusement et que l'on relira avec toujours le même plaisir rien que pour l'objet.
Les dessins sont tous très beaux. Les détails sont soignés par Guillaume Sorel que je connaissais comme auteur de romans, mais pas comme dessinateur.
La surprise est de taille et excellente qui plus est. Je ne vais pas m'en plaindre.
Chaque case est un petit tableau que l'on se plait à admirer. Tout y est dit ou presque.
Le texte est rare, mais comme je le disais un peu plus haut l'exceptionnelle qualité des dessins compense plus que largement. Les descriptions souvent longues de ce type récit classique sont illustrées avec un soin rare et précis. Rien n'est laissé au hasard.
Chaque bulle comporte juste assez de mots pour compléter la narration picturale. On est dans le magnifique.
Cette bande dessinée se savoure.
Je suis certaine que je n'aurai pas pris autant de plaisir à lire l'œuvre de Guy de Maupassant aussi cette adaptation est une chance pour moi de découvrir ce texte sous une autre forme narrative.
Le chat, félin domestique qui me fascine car plus facile à observer que ses cousins les grands prédateurs, tient là une place importante dans le début de l'histoire, mais aussi par la suite. Son comportement coutumier, puis inhabituel nous interpelle comme le narrateur, homme paisible qui coule des jours heureux, sans grande fantaisie certes, mais cette routine lui convient. Cependant lui aussi à l'instar de son chat, il sent bien qu'il y a quelque chose qui cloche, qui a changé. Il n'est plus aussi bien. Il a perdu sa quiétude.
Jean, le majordome, est inquiet de voir monsieur ainsi dépérir. Il ne comprend pas quel mal peut le ronger ainsi. Toute la maisonnée le sera également et comme on les comprend.
Je m'interroge tout autant. Je suis captivée par ce mystère.
On est comme dans "Le Dr Jekyll et mister Hyde" (un classique que j'ai adoré comme quoi !). Il y a une chose, une autre entité qui est là.
La fuite n'est sans doute pas la bonne solution, mais quitter les lieux quelques temps était pourtant une possibilité à saisir. Un pèlerinage qui apportera un peu de répit néanmoins à défaut de tout expliquer. Gustave en sera une preuve vivante au retour.
La folie guette au retour et un nouveau départ semble être la seule solution.
Le mystère reste toujours entier et il nous happe si ce n'est pas déjà fait. Il ne nous lâche plus.
Des rencontres, des pistes d'explications possibles, on raisonne pour ne pas divaguer. Et pourtant il y a de quoi. Je frissonne un peu, mais de plaisir car cette bande dessinée est si riche qu'une foule de sentiment m'anime. Je doute, je m'enflamme comme ce final qui n'en n'est pas un car l'univers a-t-il seulement une fin ?
A découvrir absolument !
Le Horla d'après l'oeuvre de Guy de Maupassant
D'un naturel peu enclin à céder aux charmes de la BD, je me suis laisser tenter par cette adaptation d'un classique de la littérature française. J'étais curieux de voir comment on pouvait adapter un tel roman en dessin. J'ai été séduit par le résultat.
Le roman de Maupassant publié en 1887, est considéré par beaucoup comme le premier roman fantastique français. Il nous raconte les hallucinations d'un homme hanté par un personnage surnaturel. Là où l'oeuvre et son adaptation diffèrent est que Guillaume Sorel a choisi de mettre plus l'accent sur le côté fantastique de l'oeuvre que sur les aspects psychanalytiques essentiels dans l'oeuvre de Maupassant. La psychanalyse en était à ses balbutiements à l'époque et Maupassant était lui même touché par de tels troubles. Guillaume Sorel laisse planer un doute sur le fin mot de l'histoire est-on en présence de phénomènes surnaturels ou bien le personnage principal est-il victime d'une maladie mentale, ce qui est très clair dans l'original. L'original est rédigé sous la forme d'un journal, tandis que dans l'adaptation, la victime des phénomènes prend son chat à témoin des événements qui le bouleversent, un chat absent dans l'oeuvre originale.
La réussite de cette adaptation tient à ce contraste entre les dessins très réalistes, classiques, et ceux décrivant "les manifestations surnaturelles", d'une beauté à couper le souffle de par leur caractère torturé, cauchemardesque. Un très bel album qui a su s'affranchir de l'original pour constituer lui-même une oeuvre à part entière.