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J'ai poussé des cris, beaucoup de cris. Parce que je voulais m'entendre et que les sons ne me revenaient pas.
Mes appels ne voulaient rien dire pour mes parents. C'étaient, disaient-ils, des cris aigus d'oiseau de mer. Alors, ils m'ont surnommée la mouette.
Et la mouette criait au-dessus d'un océan de bruits qu'elle n'entendait pas, avec la sensation d'être enfermée derrière une énorme porte, qu'elle ne pouvait pas ouvrir pour se faire comprendre des autres.
Lorsque Emmanuelle a sept ans, elle découvre la langue des signes.
Le monde s'ouvre enfin. Elle devient une petite fille rieuse et "bavarde".
A l'adolescence pourtant, tout bascule. Aux désarrois de son âge s'ajoute la révolte de voir nier l'identité des sourds. Emmanuelle ne peut plus concilier l'univers des entendants et le sien. Elle se referme, dérive, se perd dans des expériences chaotiques. Mais, lucide et volontaire, elle réagit et choisit de se battre : elle réussit à passer son bac, lutte pour faire reconnaître les droits de trois millions de sourds français, puis s'impose magistralement au théâtre dansLes Enfants du silence.
Le Cri de la mouetteest le témoignage d'une jeune fille qui, à vingt-deux ans, a déjà connu la solitude absolue, le doute et le désespoir, mais aussi le bonheur, la solidarité et la gloire.
Bouleversant et pédagogique
L’auteure, sourde de naissance, se porte en porte-parole et deviens l’interprète entre deux mondes. La langue des signes apparaît la solution d’une intégration durable mais reste marginalisé par une majorité qui ne voit guère l’utilité de la démocratiser. Le combat est la seule solution, celle qu’Emmanuelle choisit, pour hisser une minorité ignorée vers une reconnaissance durable.
Par son témoignage, l’auteur contribue à éduquer un public non averti sur un handicap invisible. Sans faire des uns les victimes et des autres les bourreaux.