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Ce 1940, de Gaulle règne et il fait doux. Singulière année, qui semble hésiter entre deux époques, entre deux mondes. C'est le temps de l'incertitude : que sera l'avenir ? En Algérie, c'est la guerre. L'année 59 se termine dans le noir, avec la catastrophe du barrage de Malpasset, et l'adieu à Gérard Philipe. Et puis, tout change. De Dakar à Brazzaville, les colonies choisissent l'indépendance. La France devient puissance atomique.
On commence à parler de pollution. C'est le temps des blousons noirs et des Beatniks. Du rock and roll et de Johnny Hallyday. On écoute « Salut les copains » à la radio, et Zitrone à la télé. C'est l'heure de Ménie Grégoire et de Mme Soleil. Les mots de « jeune fille » et de « fiançailles » perdent leur valeur. Le Club Méditerranée connaît ses premiers succès. On envisage de limiter la vitesse sur les routes à quatre-vingt-dix kilomètres/heure.
Étrange époque : les uns se passionnent pour Marx, et les autres pour le mariage du Shah avec Farah. Mais, pour tous, c'est l'heure du Nouveau franc. Marilyn Monroe et Liz Taylor fascinent l'Amérique, et B. B. attend son enfant. En politique, les visages familiers s'appellent Khrouchtchev, Adenauer, Eisenhower, Kennedy se prépare à la succession. La barbe de Fidel Castro est célèbre. Un téléphone rouge relie les « grands ».
Jean XXIII annonce le Concile. Barre et Chirac sont des inconnus. Giscard a trente-quatre ans, et rares sont ceux qui devinent en lui le futur président. Malraux ravale les façades de Paris. Camus se tue sur une route de l'Yonne. Bernard Buffet et Françoise Sagan mènent la danse.
Ce 1er janvier 1960, qui balance entre le drame et l'inquiétude, entre la dolce vita et l'ennui, c'était hier. Ou presque.
Avec sa verve habituelle, Arthur Conte non seulement nous le fait revivre, mais nous en restitue l'étonnante saveur. Et ce passé, si proche, prend une autre couleur. Car le plus surprenant, c'est que ce 1er janvier 1960 fut peut-être, en profondeur, plus décisif encore que les 1er janvier 1900, 1920 et même 1940.
