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Inattendu
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XXe siècle
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Belgique
La guerre, encore la guerre, toujours la guerre ! Baignée toute mon enfance par les récits d'exode de mes grands-parents, noyée sous les lectures scolaires et innombrables reportages de 40-45, j'arrive doucement à saturation de la thématique ! C'est donc avec un léger soupir que j'ai ouvert ce roman, prête déjà à être confrontée à du "encore", à du "déjà lu"... Et pourtant, quelle surprise ! Dès les premières lignes, je suis emportée! Dominique Zachary offre un point de vue tout à fait inédit de l'événement : les dérapages judiciaires par le conseil de guerre d'Arlon au
lendemain de 40-45. Ce roman s'inspire de faits réels; on sent la verve d'un journaliste, le souci d'exactitude historique avec, en filigrane, le contexte social de révolution en matière d'enseignement, de revendications sur le plan de l'égalité des sexes... Une plume engagée certes, mais jamais l'auteur ne tombe dans le ton didactique ou moralisateur. Pas tout à fait récit documentaire non plus, car romancé surtout : le lecteur suit le destin injuste d'une incroyable enseignante, Suzanne, de son ami et collègue Hervé (le narrateur) ainsi que de son mari avocat, Pierre. Narrant la (ou l'in)-justice, l’auteur échappe pourtant au mélodrame et au pathos. Un roman où la fiction ne vulgarise pas grossièrement les faits, mais aide à mieux comprendre une certaine réalité. "La traîtresse" est une jolie découverte de cette rentrée littéraire où le véritable actant de l’histoire reste, pour le lecteur comme pour les personnages, l’esprit critique. Poignant et cruel, j'en conseille la lecture à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin au contexte de libération… et à tous ceux qui, comme moi, ne s'y intéressent pas.
J'ai adoré!
"La traîtresse" parle avec pudeur et sensibilité d'une époque souvent et sciemment oubliée dans les livres d'histoire ou dans la culture populaire, celle qui a suivi la seconde guerre mondiale. Comment vit-on après avoir vécu des années d'occupation? Pour ne pas oublier, on décide de juger...
L'auteur dépeint avec force l'expérience d'une jeune femme qui subit la "justice" des siens, simplement parce qu'elle a fait preuve d'ouverture d'esprit et d'audace durant les années de guerre. On se sent proche de Suzanne qui ose, qui s'entête parfois mais qui continue de vivre selon ses convictions.
"La traîtresse", c'est aussi une histoire d'amour forte entre deux jeunes gens qui n'imaginaient pas être séparés par leurs choix. J'ai également et particulièrement aimé le point de vue d'Hervé, ami, confident et témoin dépassé des événements.
L'écriture est dynamique et sensible. Quelques passages auraient parfois pu être suggérés plutôt qu'écrits mais qu'importe, ils participent à l'émotion que l'on ressent à la lecture de ce premier bon roman de Dominique Zachary.
Je conseille donc cette lecture à tous ceux qui veulent vibrer au fil des jours de l'existence de Suzanne et/ou aux autres qui souhaitent approcher des événements souvent peu connus de nos régions.