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À l'heure du 'changement' et de la 'mondialisation', le 'village' continue d'être présent dans la mémoire et l'imaginaire des Français. Mais le divorce entre le mythe et la réalité n'a jamais été aussi flagrant. À l'ancienne collectivité, rude, souvent, mais solidaire et qui baignait dans une culture dont la 'petite' et la 'grande patrie' étaient le creuset, a succédé un nouveau monde bariolé où individus, catégories sociales, réseaux et univers mentaux, parfois étrangers les uns des autres, coexistent dans un même espace dépourvu d'un avenir commun.
Telle est la conclusion de l'enquête menée par Jean-Pierre Le Goff pendant plusieurs années sur les évolutions d'un bourg du Luberon depuis la Seconde Guerre mondiale. Il s'est immergé dans la vie quotidienne des habitants, a interrogé beaucoup d'entre eux, consulté des archives, recueilli les documents les plus divers. Le tableau qu'il brosse est saisissant. À rebours des clichés et d'une vision idéalisée de la Provence, les anciens du village ont le sentiment d'être les derniers représentants d'une culture en voie de disparition, face aux modes de vie des néo-ruraux et au tourisme de masse.
Animation culturelle et festive, écologie et bons sentiments, pédagogie et management, spiritualités diffuses se développent sur fond de chômage et de désaffiliation. Les fractures sociales se doublent de fractures culturelles qui mettent en jeu des conceptions différentes de la vie individuelle et collective.
C'est donc un microcosme du mal-être français que l'auteur décrit au plus près des réalités, en s'interrogeant sur ce qu'il est advenu de l'ancien peuple de France et sur les défis qu'un nouveau type d'individualisme pose à la vie en société.
très décevant
Si ce livre était un roman, on pourrait dire : "Ce qu'il raconte est truffé d'erreurs, d'approximations, de médisances, mais c'est de la littérature. Dans les histoires, tout a l'air vrai et rien n'est vrai."
Seulement voilà : ce livre n'est pas un roman. L'auteur nous livre la parole d'un expert, censée faire avancer le débat.
Or il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes: la France villageoise n'est plus ce qu'elle était. Le milieu agricole a subi une mutation profonde, etc.
Il accumule des idées toutes faites que tout le monde a envie d'entendre: autrefois, on s'entraidait. Les enfants respectaient l'autorité de leurs aînés, on était heureux de travailler.
Il oppose artificiellement deux façons de penser et de se comporter, attribuant les unes aux "anciens", les autres aux "nouveaux", alors que l'éducation des enfants, le rapport à la nature, à la culture, sont depuis longtemps des sujets sur lesquels les avis sont partagés pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'appartenance ou non à l'ancienne communauté villageoise.
Il décrit de manière caricaturale et tronquée la vie scolaire, la vie associative, la vie agricole, au mépris de toute chronologie...
Que dire de plus ?
Au mieux, l'auteur porte un regard moqueur sur la plupart de ses personnages, et fera sourire le lecteur parisien. Au pire il ravive les braises de la peur de l'autre, de l'étranger (du dedans ou du dehors).
Mais l'impression générale est une grande déception devant un tel gâchis. Il y avait tant à dire sur ce village et ses habitants, sur les déceptions des uns, les espérances des autres, sur les aspirations des anciens étrangers, des nouveaux paysans, des "agricultureux" de toutes origines qui ont choisi ou non de vivre là.