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« Le dessein de ce roman est nouveau sans doute ; l'ascendant de la Vertu sur le Vice, la récompense du bien, la punition du mal, voilà la marche ordinaire de tous les ouvrages de cette espèce ; ne devrait-on pas en être rebattu ! Mais offrir partout le Vice triomphant et la Vertu victime de ses sacrifices, montrer une infortunée errante de malheurs en malheurs, jouet de la scélératesse ; plastron de toutes les débauches ; en butte aux goûts les plus barbares et les plus monstrueux ; (...) n'ayant pour opposer à tant de revers, à tant de fléaux, pour repousser tant de corruption, qu'une âme sensible, un esprit naturel et beaucoup de courage ; hasarder en un mot les peintures les plus hardies, les situations les plus extraordinaires, les maximes les plus effrayantes, les coups de pinceau les plus énergiques, dans la seule vue d'obtenir de tout cela l'une des plus sublimes leçons de morale que l'homme ait encore reçue ; c'était, on en conviendra, parvenir au but par une route peu frayée jusqu'à présent.
»
Avertissement : je dis un peu la fin
Je ne suis pas un inconditionnel de Sade mais ce livre là comme Bouvard et Pécuchet de Flaubert revient régulièrement à ma mémoire pour sa très grande originalité et son déroulement plus que surprenant. Son héroïne aussi, Justine... Cette fille qui passe par toutes les formes d'outrage et de lubricité les plus courantes et les plus variées mais qui ne change pas, qui ne change jamais, reste vierge corps et âme comme si rien ne c'était passé, une candide que l'expérience n’atteint pas. Et puis désolé mais il y a aussi cette fin exceptionnelle qui pour moi est l'une des plus surprenantes et des plus originales qu'il m'a été donné de lire : mourir foudroyé d'un coup d'un seul sur sa terrasse, the end ! A l'heure où Grey mène le bal, un bal un peu mou et très peu original, un classique pourquoi pas... et seul aussi, pourquoi pas, loin de cette rumeur creuse.