Il faut se réjouir de la parution de ce "Jacques Rueff - Un libéral français" dont la mémoire s'éteignait doucement. Certains étudiants de Sciences Po se souviennent peut être que Rueff permit au général de Gaulle en 1958 d'ouvrir la France à la concurrence mais trente ans plus tôt il avait contribuer à la mise en oeuvre du franc Poincaré. Qui était exactement cet économiste, polytechnicien, né à Paris en 1896 et qui traversa son siècle en homme d'action et de réflexion. Rueff ne fut pas seulement un économiste de génie mais aussi un homme d'engagement passionné de philosophie
et de sciences humaines. Jeune il avait écrit "Des sciences physiques aux sciences morales", livre qui se présente comme un véritable discours de la méthode dont l'ambition première était la recherche des causes des phénomènes où déjà on pouvait déceler cette approche englobante qui consistait à identifier les ponts, les passerelles, bref les liens qui reliaient entre elles toutes les sciences. Et la première de ces passerelles était l'économie politique . La pensée de Rueff se caractérisera toujours par une vision synthétique des connaissances humaines.
L'auteur de cette biographie, Girard Minart, relie tous les fils d'une existence éclairée par la volonté de comprendre tous les phénomènes humains. Il a fallu un travail de recherche et de compilation considérable pour que la pensée de Rueff puisse être saisie dans toute sa complexité. Minart fait émerger cette économie rueffienne , économie politique rationnelle qui repose en totalité sur le préalable juridique du droit de propriété et dont l'élément principal est le mécanisme des prix. L'impératif de rationalité consiste dans la volonté de mettre au jour les causes des phénomènes sans jamais s'arrêter à leurs symptômes. Rueff était un économistes qui croyait à la nécessité des théories. Il en a établi et perfectionné plusieurs : celle des mécanismes des prix comme facteur de l'équilibre, celle de la demande globale, celle du droit de propriété comme récipient à valeur, celle des vrais et des faux droits et des vraies et des fausses créances, celles des encaisses nécessaires, celles des échanges mondiaux, celle de l'équilibre de la balance des paiements. Il sera l'un des plus virulents contradicteur de Keynes à qui il reproche de se baser sur une théorie fausse pour élaborer ses remèdes contre le chômage.
On découvre un homme exigeant toujours curieux et soucieux d'avancer pas à pas sur le chemin escarpé de la connaissance. Rueff aurait pu contresigner la fameuse lettre de Turgot avait adressé au roi en 1774 :
"Point de banqueroute;
Point d'augmentation d'impôts;
Point d'emprunt;
Pour remplir ces trois points , il n'y a qu'un moyen. C'est de réduire la dépense en dessous de la recette…"
Pour Rueff , les échanges dans les sociétés modernes et ouvertes exigent "un cadre stable, moral, juridique et monétaire" Dans l'essor des civilisations, le juriste est plutôt l'architecte et l'économiste le maçon. C'est donc bien d'une vision globale et complexe que Jacques Rueff est parti pour construire sa pensée. Le travail de Gérard Minart nous permet de découvrir ce rénovateur, visionnaire et européen avant l'heure à qui la postérité n'avait pas suffisamment rendu justice. Ce livre répare ce manque et éclaire l'un des destins les plus passionnants de son siècle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Il faut se réjouir de la parution de ce "Jacques Rueff - Un libéral français" dont la mémoire s'éteignait doucement. Certains étudiants de Sciences Po se souviennent peut être que Rueff permit au général de Gaulle en 1958 d'ouvrir la France à la concurrence mais trente ans plus tôt il avait contribuer à la mise en oeuvre du franc Poincaré. Qui était exactement cet économiste, polytechnicien, né à Paris en 1896 et qui traversa son siècle en homme d'action et de réflexion. Rueff ne fut pas seulement un économiste de génie mais aussi un homme d'engagement passionné de philosophie et de sciences humaines. Jeune il avait écrit "Des sciences physiques aux sciences morales", livre qui se présente comme un véritable discours de la méthode dont l'ambition première était la recherche des causes des phénomènes où déjà on pouvait déceler cette approche englobante qui consistait à identifier les ponts, les passerelles, bref les liens qui reliaient entre elles toutes les sciences. Et la première de ces passerelles était l'économie politique . La pensée de Rueff se caractérisera toujours par une vision synthétique des connaissances humaines.
L'auteur de cette biographie, Girard Minart, relie tous les fils d'une existence éclairée par la volonté de comprendre tous les phénomènes humains. Il a fallu un travail de recherche et de compilation considérable pour que la pensée de Rueff puisse être saisie dans toute sa complexité. Minart fait émerger cette économie rueffienne , économie politique rationnelle qui repose en totalité sur le préalable juridique du droit de propriété et dont l'élément principal est le mécanisme des prix. L'impératif de rationalité consiste dans la volonté de mettre au jour les causes des phénomènes sans jamais s'arrêter à leurs symptômes. Rueff était un économistes qui croyait à la nécessité des théories. Il en a établi et perfectionné plusieurs : celle des mécanismes des prix comme facteur de l'équilibre, celle de la demande globale, celle du droit de propriété comme récipient à valeur, celle des vrais et des faux droits et des vraies et des fausses créances, celles des encaisses nécessaires, celles des échanges mondiaux, celle de l'équilibre de la balance des paiements. Il sera l'un des plus virulents contradicteur de Keynes à qui il reproche de se baser sur une théorie fausse pour élaborer ses remèdes contre le chômage.
On découvre un homme exigeant toujours curieux et soucieux d'avancer pas à pas sur le chemin escarpé de la connaissance. Rueff aurait pu contresigner la fameuse lettre de Turgot avait adressé au roi en 1774 :
"Point de banqueroute;
Point d'augmentation d'impôts;
Point d'emprunt;
Pour remplir ces trois points , il n'y a qu'un moyen. C'est de réduire la dépense en dessous de la recette…"
Pour Rueff , les échanges dans les sociétés modernes et ouvertes exigent "un cadre stable, moral, juridique et monétaire" Dans l'essor des civilisations, le juriste est plutôt l'architecte et l'économiste le maçon. C'est donc bien d'une vision globale et complexe que Jacques Rueff est parti pour construire sa pensée. Le travail de Gérard Minart nous permet de découvrir ce rénovateur, visionnaire et européen avant l'heure à qui la postérité n'avait pas suffisamment rendu justice. Ce livre répare ce manque et éclaire l'un des destins les plus passionnants de son siècle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)