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Boris Sieger est un employé de mairie attaché à sa vie ordinaire. Parfois, il passe la nuit avec le fils de sa vieille concierge. C'est à peu près tout ce qui constitue sa vie sociale jusqu'au jour où il croise Oussama, dit Oussa - c'est plus facile à porter -, un atypique jeune de banlieue parisienne. Boris se découvre grâce à lui un possible frère... parti faire le djihad. Son existence suscite en Boris de nombreuses questions, à commencer par la plus douloureuse?: où est-elle passée, cette mère qui l'a abandonné quand il n'était qu'un enfant?? Où est-elle, cette disparue de Honfleur, la ville d'Erik Satie, dont les Gymnopédies semblent rythmer toute cette intrigue?? C'est le début du voyage pour Boris et Oussa, périple qui les mènera jusqu'à Kémal Fadil, un commissaire oranais.
Au programme des réjouissances, médecine chamanique et rituels de sorcellerie maghrébine, secrets de famille et questionnement identitaire. D'un pays à un autre, d'une croyance ancestrale à la perte de repères des sociétés modernes, Ahmed Tiab tisse une intrigue terriblement efficace. Ahmed Tiab est né à Oran (Algérie), en 1965. Aujourd'hui installé dans le sud de la France, il a déjà publié, chez le même éditeur, Le Français de Roseville et Le désert ou la mer.
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Après “Le Français de Roseville” et “Le désert ou la mer” Ahmed Tiab nous propose avec “Gymnopédie pour une disparue” un étonnant polar peuplé d’êtres au passé compliqué embarqués dans une histoire dont ils ne contrôlent pas grand chose. D’abord il y a Boris que sa mère a laissé à l’une de ses amis, Rose, une militante féministe, avant de disparaître. Boris qui a atteint l’âge adulte sans avoir revu sa mère, végète, travaillant dans une petite mairie, habitant l’appartement de Rose qu’il a reçu en héritage. Cette vie, faite d’habitudes et surtout d’intangibilité semble lui convenir. Jusqu’au jour où un jeune homme sonne à sa porte et lui montre une photo qu’il a reçu d’un ami parti faire le Jihad en Syrie. Le jeune homme s’appelle Oussama, est pratiquant mais ne veut pas participer au jihad. En revanche il conserve des contacts, il communique avec ses relations. Sur la photo qu’il lui a montré Boris voit son sosie, comme un étrange jumeau. Il s’interroge et finit par comprendre que le personnage a peut-être un lien avec sa mère.
A partir de ce moment la vie de Boris va basculer et ce qui constituait jusqu’alors l’existence la plus routinière va soudain s’accélérer et l’entraîner dans une incroyable aventure. Parallèlement à l’histoire de Boris, on retrouve l’un des personnages récurrent d’Ahmed Tiab, Kémal, qui dirige la police d’Oran. On se délecte de sa relation avec sa mère, sa compagne et les flics avec lesquels il travaillent depuis des années. Tiab se joue de son lecteur, disloquant d’abord son récit pour ensuite rassembler chaque pièce du puzzle narratif. C’est brillant, d’une écriture nerveuse qui sait jouer avec tous les procédés qui retarderont le dénouement. A ce titre “Gymnopédie pour une disparue” est un polar efficace et souvent jubilatoire qui nous initie à la médecine chamanique, à la sorcellerie maghrébine sur fond d’interrogation identitaire. De Honfleur à Oran en passant par la Syrie l’écrivain met en place, sur un air d’Eric Satie, un piège narratif qui se referme implacablement sur le lecteur.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)