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Du monde, la jeune et jolie Kounnioupattoumma ne sait rien, si ce n'est que son grand-père avait un éléphant ! Fille de notables musulmans, elle est en âge d'être mariée. Mais pour sa mère, les prétendants ne sont jamais assez beaux, jeunes, riches, puissants... Surtout quand on songe à la splendeur passée du grand-père à l'éléphant.
Hélas, voilà la famille ruinée. Adieu vaste demeure, domestiques, bijoux en or ! Kounnioupattoumma peut enfin goûter aux délices de la baignade en attendant des jours meilleurs...
Avec un profond amour des êtres, qu'il ne désespère pas d'éduquer et de distraire, Basheer mêle à la perfection vérité et humour.
Grand-père avait un éléphant est traduit pour la première fois en français. Il y a chez ce Maupassant indien une drôlerie sagace, un brio enchanteur et pathétique, une fantaisie et une liberté rayonnantes. Ce qui est fascinant, dans l'univers de Basheer, c'est qu'on y entre de plain-pied, avec une familiarité et un enthousiasme qu'on a tout de suite envie de partager.
Vaikom Muhammad Basheer (1908-1994) est né à Vaikom, au Kerala (côte sud-ouest de l'Inde).
À l'adolescence, il s'échappe de chez ses parents afin de participer au mouvement de lutte pour l'Indépendance de l'Inde. Il connaît la prison pour ses positions et activités politiques, puis passe de nombreuses années à voyager à travers toute l'Inde, côtoyant sages hindous et mystiques soufis. Il est l'un des écrivains les plus importants de la littérature malayalam contemporaine, dont l'existence a suivi de près la trajectoire mouvementée de son pays en chemin vers l'Indépendance.
Et l'auteur de très nombreuses nouvelles et plusieurs romans courts. Le gouvernement indien lui a attribué le prestigieux prix Padmashri en 1982.
Un très joli conte moderne
Certains livres vous transportent dans un tout autre monde, une tout autre atmosphère, et vous impose presque leur univers sans que vous n'ayez aucune prise sur eux. C'est exactement ce que j'ai ressenti après avoir tourné quelques pages de ce très joli conte. Car c'est bien un conte poétique et humaniste que nous livre Vaikom Muhammad Basheer, l'un des écrivains indiens contemporains les plus connus et les plus doués de sa génération. Dès les premières lignes, le récit s'est imposé à moi sous la forme d'un théâtre d'ombres chinoises, à la façon de "Princes et Princesses" de Michel Ocelo, certes "Grand-père avait un éléphant" ne se situe pas à la même époque et ne parle pas de princesses, mais c'est pourtant sous forme de théâtre d'ombres chinoises que j'ai imaginé et visualisé toutes les scènes de ce petit bijou.
Grand-père avait un éléphant relate avec beaucoup de charme non dénué d'une certaine dose d'humour, la vie de Kounnioupattoumma, cette jeune Indienne fille de notable musulman qui n'a aucun but dans la vie mise à part celui d'épouser un mari qui lui sera désigné. Mais pour sa mère, issue d'une grande lignée, aucun prétendant n'est digne de la petite-fille de celui qui avait un éléphant. C'est avec beaucoup de subtilité que l'auteur annonce le déclin et la chute de la famille, lorsque le père de la jeune musulmane, un nanti très respecté par ses pairs est ruiné suite à un procès fratricide et que la famille désargentée doit se résoudre à s'installer en périphérie de la ville. Et la façon dont la jeune Kounnioupattoumma ouvre les yeux, sur ce qu'est le quotidien des la plupart des Indiens fait figure de petit électrochoc, dans le monde jusqu'ici quelque peu édulcoré de la jeune musulmane.
Tout au long de ce magnifique et court récit, le lecteur est porté par l'humanité et la beauté qui se dégage des mots de Vaikom Muhammad Basheer. Si l'un des buts avoués de l'auteur est d'ouvrir les yeux de ces lecteurs, et de dénoncer l'obscurantisme et le communautarisme exacerbés dans certaines parties de l'Inde, Vaikom Muhammad Basheer utilise des mots teintés de poésie et d'humour sans jamais heurter son lecteur. À chaque page, le lecteur sent derrière.. la suite sur WWW.meellylit.com