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De Colette et de son œuvre, la critique a essentiellement retenu la tonalité optimiste, la vitalité débordante. Cette lecture est fondée, et grande est l'ombre de Sido qui aurait insufflé, par sa propre énergie exemplaire, cette tonalité. Cependant, une autre lecture semble possible, qui dénuderait les soubassements inconscients d'une œuvre et d'une vie. Car ce qui apparaît aussi, dans le texte mais aussi dans le parcours littéraire et privé de Colette, ce sont des lignes de fracture, des impasses et des impossibles.
S'appuyant sur l'importance de la fonction paternelle telle que la souligne la psychanalyse à travers la théorie freudienne et la pratique clinique, cet essai tente de vérifier l'hypothèse suivante : c'est par identification à la figure paternelle castrée que Colette tente imaginairement de soutenir, qu'elle construit son parcours de femme-écrivain. Cette posture n'est pas sans retombées. En dépit d'une belle productivité littéraire, l'écriture sera longtemps vécue par Colette sur le mode de la jouissance, soit ce qui s'impose à elle, sans connaissance de cause, tout en lui procurant une souffrance dont elle ne peut se passer.
Sur le plan imaginaire, l'identification virile produit des scénarios où se lit la difficulté à être femme et à composer avec le partenaire amoureux. Mais le bilan de cette trajectoire dense et problématique, c'est la formidable conquête d'une identité reconnue de femme-écrivain, réussite accomplie à travers le patronyme ambigu.