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Léo C n'a pas encore complété son profil
Déçu, non que j'aie eu du mal à finir ce livre, mais je dirais que je l'ai consommé plus que lu. Consommé, comme ces pots de glace que je ne peux m'empêcher de finir, pourtant sans plus aucun plaisir passée la quinzième cuillerée.
L'intrigue, les personnages, l'atmosphère, tout est pourtant là, et j'ai senti que le plaisir était à portée, mais à y bien réfléchir, je me demande si on ne doit pas parler de produit plus que de livre.
La faute, sans doute, à des portraits, des situations, un contexte assez convenus. Mais la faute, surtout, à un style pour moi sans personnalité,
truffé de ces images tout droit issues des cours universitaires d'écriture qui uniformisent inexorablement l'essentiel de la production américaine.
De l'art et de la manière, donc, de rater son plat malgré l'excellence de la recette et la qualité des ingrédients.
Une surprise dans un genre où on n'en attend habituellement pas : un livre "technique" et il se dévore en fait comme un récit à suspense. La démonstration se nourrit pourtant de chiffres abondants, mais ils sont essentiellement renvoyés en annexe et cela laisse au premier plan le propos principal : sur un sujet aussi sensible que l'insécurité, l'Etat trafique délibérément, durablement et finalement assez grossièrement ses comptes pour faire croire à la réussite de la lutte contre la délinquance. Je suis resté sidéré par l'ampleur du phénomène, la connivence de tous les acteurs,
l'anesthésie des contre-pouvoirs, etc. et on se retrouve alors en pleine réflexion sur le fonctionnement de notre démocratie.
Un reproche : les chapitres les plus forts (sur les meurtres qu'on s'abstient de découvrir pour ne pas plomber les statistiques et sur les illusions dont on entoure la police scientifique) se lisent la boule au ventre mais sont en fin d'ouvrage alors qu'ils devraient l'ouvrir pour mieux situer l'importance du sujet.
Intrigue convenue, mais environnement inhabituel
Un polar assez convenu, que ce soit dans son intrigue ou dans sa narration. Le suspense n'est pas haletant, mais ce n'est visiblement pas ce qu'ont cherché les auteurs.
L'accent a en effet été mis (et c'est le point fort du livre) sur la situation des personnages, l'action se déroulant en Allemagne, au crépuscule du nazisme. Les deux personnages principaux, opposés en presque tout, sont exposés avec leurs contradictions, leurs faiblesses et leur part d'ignominie. Le double contexte (l'emprise du nazisme, l'effondrement d'un monde) constitue presque un personnage à lui seul. Certes, il est rendu sans trop de subtilité, mais quel besoin de subtilité s'il s'agit de montrer en fonctionnement la machine à broyer les hommes qu'a été cette nuit de l'humanité ?
Au final, pour celui qui le souhaite, derrière un scénario qui se lit sans déplaisir, le moyen d'une réflexion sur l'emprise du mal. Pas si mal pour un polar ?