En cours de chargement...
Pourquoi les Français éprouvent-ils un irrationnel sentiment d'insécurité, alors qu'on compte 670 000 délits de moins depuis 2002 et un taux d'élucidation des infractions en hausse de 12 points ? Irrationnel ? Et si les chiffres affichés étaient faux ? Et si l'appareil statistique avait été dévoyé au service d'un message politique illusoire ? Depuis dix ans, la lutte contre la délinquance est marquée par l'empreinte de celui qui en a fait, sinon son combat, au moins sa marque de fabrique.
Avec une précision chirurgicale, Jean-François Impini révèle comment les statistiques ont été impunément dévoyées. Il dévoile la dictature des chiffres et les tricheries utilisées pour produire de « bons » résultats, et détaille les pratiques qui ont permis d'éluder des délits par centaines de milliers tout en élucidant des infractions imaginaires. A l'heure où "nul n'est censé ignorer la réalité", Jean-François Impini, chiffres à l'appui, jette une lumière crue sur la réalité d'une police détournée de sa mission, et d'une politique de sécurité devenue simple entreprise de communication au profit d'un discours politique vide d'action.
La boule au ventre...
Une surprise dans un genre où on n'en attend habituellement pas : un livre "technique" et il se dévore en fait comme un récit à suspense. La démonstration se nourrit pourtant de chiffres abondants, mais ils sont essentiellement renvoyés en annexe et cela laisse au premier plan le propos principal : sur un sujet aussi sensible que l'insécurité, l'Etat trafique délibérément, durablement et finalement assez grossièrement ses comptes pour faire croire à la réussite de la lutte contre la délinquance. Je suis resté sidéré par l'ampleur du phénomène, la connivence de tous les acteurs, l'anesthésie des contre-pouvoirs, etc. et on se retrouve alors en pleine réflexion sur le fonctionnement de notre démocratie.
Un reproche : les chapitres les plus forts (sur les meurtres qu'on s'abstient de découvrir pour ne pas plomber les statistiques et sur les illusions dont on entoure la police scientifique) se lisent la boule au ventre mais sont en fin d'ouvrage alors qu'ils devraient l'ouvrir pour mieux situer l'importance du sujet.