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XXe siècle
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Bouleversant
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Intriguant
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Argentine Patagonie
Chronique littéraire de Wakolda de Lucia Puenzo Aux Editions Stock.
Ma Chronique :
Lucia Puenzo Argentine est un écrivain qui porte en elle le poids de L’Histoire. Par ce livre biographique, à peine romancé, elle témoigne de ce passé poignant, révoltant. D’une telle façon que jamais elle ne prend partie. Ni dénonce pour elle-même. Ainsi elle transforme son récit en rocher de Sisyphe. Au travers des mots le lecteur fait alliance avec Lucia Puenzo avant toute autre chose. Un peu comme si on voulait l’ alléger de ce poids mort. La première de couverture est révélatrice. D’emblée
l’image forte de Wakolda (poupée emblématique) est glaçante. Elle sera tout au long du livre le fil manichéen de ce récit. Puisant sa force mentale au travers du non-dit et du déni. L’histoire vraie de Joseph Mengele, de l’homme devenu animal. Mais bien plus que cela encore, automatisé dans son comportement. Véritable machine e.
xploratrice des corps, déshumanisant l’être. A contrario, Mengele est formidable de beauté physique. Ses yeux bleus transpercent l’eau du lac Nahuel-Huapi. On ressent tout ce qu’il y a de plus machiavélique. Il est l’appat. Il est symboliquement cannibale. Dualité entre l’homme et la bête. L’hôtel même de la famille accueillante d’Enzo, sera l’emblème d’un enfer sous couverture de rires, repas, de vie simple pour la famille d’Enzo. Leur hôte est le loup dévorant. Sa proie la première est Lilith. Petite fille aux problèmes de croissance. Mais petite femme en devenir qui comprendra la première que derrière cet homme , se cache ses premiers fantasmes en devenir. Lilith agira , tout au long du récit en dilemme cornélien. Enzo, le père de Lilith, sera le modèle représentatif du déni, de l’impossibilité à admettre les atrocités de Mengele. Le choc de vérité sera effroyable. Mengele dans l’hôtel d’Enzo aura poursuivi ses expériences médicales, tout en dégageant un certain mystère pour ses hôtes. Eva épouse d’Enzo et mère de Lilith sera la première à lui faire confiance. Le lien étant autour de sa maîtrise de la langue allemande, de ses grands-parents allemands, et de son parcours scolaire dans une école allemande en Argentine. Mais elle sera une victime collatérale de Mengele. Pour Enzo le paradoxe crucial sera dans le transfert de sa création de poupées, en mimétisme de représentation de la race pure par Mengele , dans un compromis de de fabrication et d’aboutissement commercial à des fins allemandes. Lilith aura échangé Wakolda contre une poupée au faciès Mapuche d’une adolescente de cette même origine. Le père de cette dernière viendra violemment récupérer cette poupée Mapuche. Il a compris de suite que wakolda symbolisait le Nazisme et le génocide des Mapuches. Le cadre pourtant grandiose de l’Argentine en Patagonie vers Bariloche est lui aussi porteur du Nazisme. On frissonne de froid dans ce nihilisme. Ce récit fait des vagues implacables. Les heures étranges du déroulement de l’Histoire, sont inadmissibles car époustouflantes de monstruosité. L’Argentine aura été le pays où les allemands de l’après-guerre se sont réfugiés . Bariloche est le symbole de la Suisse Allemande. Ce qui sous-tend que sous la beauté des lacs, se trouve les mouvances du Nazisme qui lui est un cœur malade mais encore battant. Les Argentins ne le savaient probablement pas. On leur a muselé la parole. On touche une page sensible de l’Histoire. Une page troublante où la naïveté d’Eva, le déni d’Enzo, Lilith qui aura compris de suite, sont l’apogée de ce tissage inavouable. Les morceaux du puzzle représentatif des faits avérés. La journaliste au cœur de cette histoire réaliste nous propulse vers le haut. Elle est le ciment de la trame, l’élément majeur, concret et avéré. Elle ramène les personnages dans la ténébreuse réalité. Son duel verbal avec Joseph Mengele sera le summum de la bulle éclatée La fuite de Mengele, et l’assassinat de la journaliste , impriment le contraste entre la possibilité d’arrêter Mengele et la force du réseau allemand qui aura réussi le tour de force , de faire fuir Mengele et lui éviter et un procès, et peut-être la peine de mort. Ce livre n’apaise pas. Il n’est pas cicatrisant ,au contraire. Mais Lucia Puenzo a créé un outil de mémoire .Ce livre biographique a le mérite courageux de dépasser les aprioris. Puenzo est Argentine. Elle en est que plus grande dame. Car son pays est douloureusement affecté par son passé de dictatures et de silences imposés. Et son livre témoigne malgré tout et certainement des souffrances de ses pairs. Que ce livre soit dans toutes les bibliothèques, lycées et universités. Pour que le témoignage de Lucia Puenzo reste vif et s’éternise dans toutes les consciences.
Evlyne Léraut
Wakolda Lucia Puenzo
Chronique littéraire de Wakolda de Lucia Puenzo Aux Editions Stock.
Ma Chronique :
Lucia Puenzo Argentine est un écrivain qui porte en elle le poids de L’Histoire. Par ce livre biographique, à peine romancé, elle témoigne de ce passé poignant, révoltant. D’une telle façon que jamais elle ne prend partie. Ni dénonce pour elle-même. Ainsi elle transforme son récit en rocher de Sisyphe. Au travers des mots le lecteur fait alliance avec Lucia Puenzo avant toute autre chose. Un peu comme si on voulait l’ alléger de ce poids mort. La première de couverture est révélatrice. D’emblée l’image forte de Wakolda (poupée emblématique) est glaçante. Elle sera tout au long du livre le fil manichéen de ce récit. Puisant sa force mentale au travers du non-dit et du déni. L’histoire vraie de Joseph Mengele, de l’homme devenu animal. Mais bien plus que cela encore, automatisé dans son comportement. Véritable machine e.
xploratrice des corps, déshumanisant l’être. A contrario, Mengele est formidable de beauté physique. Ses yeux bleus transpercent l’eau du lac Nahuel-Huapi. On ressent tout ce qu’il y a de plus machiavélique. Il est l’appat. Il est symboliquement cannibale. Dualité entre l’homme et la bête. L’hôtel même de la famille accueillante d’Enzo, sera l’emblème d’un enfer sous couverture de rires, repas, de vie simple pour la famille d’Enzo. Leur hôte est le loup dévorant. Sa proie la première est Lilith. Petite fille aux problèmes de croissance. Mais petite femme en devenir qui comprendra la première que derrière cet homme , se cache ses premiers fantasmes en devenir. Lilith agira , tout au long du récit en dilemme cornélien. Enzo, le père de Lilith, sera le modèle représentatif du déni, de l’impossibilité à admettre les atrocités de Mengele. Le choc de vérité sera effroyable. Mengele dans l’hôtel d’Enzo aura poursuivi ses expériences médicales, tout en dégageant un certain mystère pour ses hôtes. Eva épouse d’Enzo et mère de Lilith sera la première à lui faire confiance. Le lien étant autour de sa maîtrise de la langue allemande, de ses grands-parents allemands, et de son parcours scolaire dans une école allemande en Argentine. Mais elle sera une victime collatérale de Mengele. Pour Enzo le paradoxe crucial sera dans le transfert de sa création de poupées, en mimétisme de représentation de la race pure par Mengele , dans un compromis de de fabrication et d’aboutissement commercial à des fins allemandes. Lilith aura échangé Wakolda contre une poupée au faciès Mapuche d’une adolescente de cette même origine. Le père de cette dernière viendra violemment récupérer cette poupée Mapuche. Il a compris de suite que wakolda symbolisait le Nazisme et le génocide des Mapuches. Le cadre pourtant grandiose de l’Argentine en Patagonie vers Bariloche est lui aussi porteur du Nazisme. On frissonne de froid dans ce nihilisme. Ce récit fait des vagues implacables. Les heures étranges du déroulement de l’Histoire, sont inadmissibles car époustouflantes de monstruosité. L’Argentine aura été le pays où les allemands de l’après-guerre se sont réfugiés . Bariloche est le symbole de la Suisse Allemande. Ce qui sous-tend que sous la beauté des lacs, se trouve les mouvances du Nazisme qui lui est un cœur malade mais encore battant. Les Argentins ne le savaient probablement pas. On leur a muselé la parole. On touche une page sensible de l’Histoire. Une page troublante où la naïveté d’Eva, le déni d’Enzo, Lilith qui aura compris de suite, sont l’apogée de ce tissage inavouable. Les morceaux du puzzle représentatif des faits avérés. La journaliste au cœur de cette histoire réaliste nous propulse vers le haut. Elle est le ciment de la trame, l’élément majeur, concret et avéré. Elle ramène les personnages dans la ténébreuse réalité. Son duel verbal avec Joseph Mengele sera le summum de la bulle éclatée La fuite de Mengele, et l’assassinat de la journaliste , impriment le contraste entre la possibilité d’arrêter Mengele et la force du réseau allemand qui aura réussi le tour de force , de faire fuir Mengele et lui éviter et un procès, et peut-être la peine de mort. Ce livre n’apaise pas. Il n’est pas cicatrisant ,au contraire. Mais Lucia Puenzo a créé un outil de mémoire .Ce livre biographique a le mérite courageux de dépasser les aprioris. Puenzo est Argentine. Elle en est que plus grande dame. Car son pays est douloureusement affecté par son passé de dictatures et de silences imposés. Et son livre témoigne malgré tout et certainement des souffrances de ses pairs. Que ce livre soit dans toutes les bibliothèques, lycées et universités. Pour que le témoignage de Lucia Puenzo reste vif et s’éternise dans toutes les consciences.
Evlyne Léraut