Il revient à la Révolution de façonner un peuple nouveau, le souverain digne de la Cité qu'elle annonce : dès ses débuts la Révolution est investie d'une vocation pédagogique. Tout est à repenser et à inventer : les objectifs et les institutions pédagogiques, un nouveau système d'instruction et d'éducation, les méthodes de formation accélérée de nouveaux enseignants. Ainsi assiste-t-on pendant la Révolution à la rencontre de deux rêves sociaux. D'une part, c'est le rêve d'une société pédagogique qui exercerait ses fonctions à travers toutes ses institutions. D'autre part, c'est le rêve hérité des Lumières d'une pédagogie sociale, avisée et inlassable, aménageant un nouvel espace éducatif où l'école et la tête civique se rejoignent et se complètent. A travers ses projets, rêves et expériences, la période révolutionnaire lègue à l'imagination sociale la représentation et l'espoir d'une éducation pour la démocratie. Un débat passionnant et passionné s'installe au cœur même du discours politique révolutionnaire. Il ne porte pas seulement sur les modèles de l'école pour la Révolution mais a comme objet et enjeu les rapports entre culture et pouvoir, liberté et égalité, tradition et innovation, libéralisme et étatisme, religion et laïcité, dans une société démocratique à inventer. Ce volume réunit les textes les plus importants qui ont marqué ce grand débat et qui ont orienté les expériences pédagogiques de la période révolutionnaire : projets et discours de Mirabeau, Talleyrand, Condorcet, Romme, Lepeletier, Robespierre, Saint-Just, Daunou, Barère, Lakanal, etc.