I. V. Hess décide, dans son étude universitaire, de parler d’Harriet Burden, cette étrange artiste plasticienne éternellement reléguée au second plan de son vivant. Femme d’un marchand d’art reconnu, mère de deux enfants, Harriet est persuadée que si son art n’est pas reconnu, c’est bien parce qu’elle est une femme, l’épouse de, rien de plus. Après la mort de son époux, elle s’engage dans un projet fou, celui d’engager trois artistes masculins pour représenter trois des oeuvres qu’elle aura elle-même créées, afin d’exposer le sexisme du monde de l’art. Mais
sont-ils si innocents, ces trois masques ? Et ce petit jeu aboutira t-il vraiment au sacre d’Harriet Burden ?
Inutile de préciser que le concept m’a immédiatement séduite. Pourtant je vous le jure, moi et l’art pictural, ça fait quatorze mille. Comme tout le monde, je tombe parfois devant une sculpture insensée et j’en reste le cul on the floor, mais ça s’arrête là. Un Monde flamboyant est truffé de références (réelles ou non) et pourtant il reste accessible aux néophytes dans mon genre. Ce qui est essentiel dans ce bouquin et ce qui parle à beaucoup de gens à mon sens, c’est l’idée suivante : Harriet fait le pari qu’une oeuvre délaissée parce qu’émanant d’une femme peut obtenir tous les lauriers pourvu qu’un type de sexe masculin, chromosomes XY, service trois pièces, déclare en être l’auteur au vernissage. ET CA MARCHE ! Je connaissais mal l’auteure jusque là, mais j’ai découvert qu’elle a été l’épouse de Paul Auster avant d’être reconnue elle-même comme véritable écrivain, on peut donc comprendre que ces questions de sexisme puissent l’intéresser.
Le personnage principal, ensuite, est absolument fascinant. Harriet se prénomme elle-même Harry, et puis elle a cette silhouette improbable, une beauté géante, qui séduit autant qu’elle effraie. Harriet est une infinité de personnages, de sexes, et en même temps qu’elle défend le droit des femmes à faire aussi bien que les hommes, il demeure chez elle cette fascination pour la facilité qu’ont les hommes à être reconnus pour leur talent. Cette soif de reconnaissance, qui la mène parfois jusqu’à l’hystérie, c’est surement ce qu’il y a de plus touchant elle.
Les trois artistes sont autant de masques qu’elle revêt et tous trois représenteront des expériences bien différentes, de la plus douce à la plus perverse.
Et puis je ne peux pas me tirer sans vous parler de la forme de ce bouquin : l’idée de l’étude universitaire fictive, c’est déjà pas dégueulasse. Une étude qui se compose d’extraits du journal d’Harriet, de témoignages d’un de ses masques, de ses proches, de critiques d’arts… De la fiction dans la fiction dans la fic… Vous me suivez ? A l’issue de cette étude, Harriet demeure une énigme, on peut choisir de croire les autres, on peut choisir de ne pas les croire, et les propres mots de l’artiste sont sujets à caution…
Flamboyante et féministe Siri Hustvedt, à lire.
Critique sur le blog : http://prettyrosemary.wordpress.com/2014/09/27/flamboyante-harry/
Un monde flamboyant
Que ce roman est verbeux, que cette lecture a été érintante.
Alors oui, il est question d’énormément de sujets dans ce pavé : la place des femmes dans la création artistique et leur non-reconnaissance ; des trucs et astuces dans une création ; des masques et de leurs fonctions ; de la difficile identité homme / femme et même du mythe de Pygmalion.
Mais surtout, il y a la colère et la rage du personnage principal. Pour ces raisons, je ne l’ai pas trouvée flamboyante.
L’écriture chorale de ce roman est un procédé intéressant pour tenter de tourner autour du personnage de Harry. Mais cela reste un procédé.
Une lecture qui ne m’a donc pas bouleversée.
L’image que je retiendrai :
Celle du personnage du Baromètre dont la vie dépend des hautes et basses pressions.
https://alexmotamots.wordpress.com/2015/06/21/un-monde-flamboyant-siri-hustvedt