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Peu d'écrivains ont su, à l'instar de Richard Yates, décrire les vies des couples de l'Amérique moyenne ; il le fait ici dans une prose dépouillée : on se croirait dans un tableau de Hopper, où le vide l'emporte sur les personnages. Yates nous entraîne sur les pas d'Evan Shepard, fils d'un officier de marine en retraite et d'une mère neurasthénique. Beau mais faible, Evan se marie trop jeune avec une fille de sa classe qu'il a mise enceinte.
Quand le couple se sépare, le père d'Evan croit nécessaire d'intervenir dans la vie de son fils et le jette dans les bras de la douce Rachel, fille de l'épuisante Gloria. Mal d'amour, alcool, déclarations de guerre réelle et symbolique… les désillusions collectives vont s'inviter dans une maison délabrée de Cold Spring où, lors de l'été 1942, les deux familles sont contraintes de cohabiter.
Eté 42...
Evan Shepard a dix-neuf ans lorsqu’il se marie avec une camarade de lycée, tombée trop rapidement enceinte. Il est embauché dans une usine de machines-outils de Long Island où ils résident tous deux et peut ainsi subvenir aux besoins de sa petite famille. Leur vie commune se solde rapidement par une séparation, et Evan caresse un moment l’idée de reprendre des études. Une coïncidence lui fait rencontrer, quelques années plus tard Rachel qui vit à New York. Bien qu’un peu oie blanche et nantie d’une mère encombrante, Rachel correspond à ce qu’Evan recherche.
Rachel et Evan se rapprochent, leurs familles font connaissance, et comme cela était souvent le cas à l’époque, des noces finissent par être décidées pour mettre fin à une période de frustration sexuelle d’avant-mariage. L’installation à Cold Spring, petite bourgade de Long Island suivra en cet été 1942…
Après Easter parade, je retrouve la plume de Richard Yates, qui n’a pas son pareil pour mettre en scène des personnages qui assistent impuissants à leur vie, dans laquelle ils semblent englués. De la fin des années 30 jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le lecteur s’immisce dans la vie de deux familles qui se trouvent liées par un mariage. Malheureusement pour le jeune couple, leurs parents respectifs sont loin de présenter des modèles fiables, ce n’est rien de le dire, pour la réussite d’une vie commune. Ce roman écrit d’une plume acérée ne cache rien des embarras, des complexes et de la morosité ambiante, et déroule des vies qu’on imagine en noir et blanc.
A découvrir pour qui aime ces atmosphères américaines d’il y a quelques décennies !