Timothée de Fombelle est né en 1973. D'abord professeur de lettres, il se tourne tôt vers le théâtre. En 1990, il crée une troupe pour laquelle il écrit des pièces qu'il mettra lui-même en scène. Depuis, il n'a cessé d'écrire pour le théâtre. Sa pièce "Le phare", écrite à dix-huit ans, est traduite et jouée en Russie, Lituanie, Pologne et au Canada. Son texte "Je danse toujours" (Actes Sud) a été lu à l'ouverture du festival d'Avignon, en 2002.
"Tobie Lolness" a été traduit en 28 langues et a reçu de nombreuses distinctions dont le prix Andersen (Italie), le Marsh Award, le prix Tam-Tam et le prix Sorcières. En 2010, paraît "Vango" (Prix Livre entête - roman Ado 2011 ; Prix "Les mordus du polar" 2011 ; Prix jeunesse 2011 des libraires du Québec), une histoire en deux volumes, dont le tome 2 est publié en 2011. François Place, né en 1957, a étudié à l'école des arts et industries graphiques Estienne à Paris, avant de travailler comme illustrateur, d'abord pour la publicité, puis pour l'édition jeunesse.
En 1992, il passe à l'écriture de fiction avec un premier album remarqué "Les derniers géants", couronné par de nombreux prix. Son atlas imaginaire, "L'Atlas des géographes d'Orbae", qui explore ving-six pays cartographiés comme des lettres de l'alphabet, est paru en trois tomes, entre 1996 et 2000. Il a reçu également plusieurs prix, dont un à la foire internationale de Bologne et un prix spécial "sorcières" décerné par les libraires jeunesse.
Son dernier album, "La fille des batailles", a reçu le baobab du salon du livre de Montreuil. Ses albums parlent de l'ailleurs, des voyages, de la rencontre. Comme illustrateur, il a collaboré avec des auteurs comme Michael Morpurgo, Erik Lhomme, Timothée de Fombelle. Il a également travaillé pour le site internet jeunesse du musée du Louvre. En janvier 2010 est paru son premier roman "La douane volante".
On a souvent besoin d'un plus petit que soi
Timothée de Fombelle est l’un des nombreux écrivains qui, mine de rien et sans le vouloir vraiment, envoient un doigt d’honneur poli aux idiots qui portent un regard condescendant sur la littérature jeunesse sous prétexte qu’elle est adressée aux enfants.
L’auteur maîtrise l’art de raconter les histoires à la perfection.
Dans le premier tome par exemple, La vie suspendue, Timothée de Fombelle ne se focalise jamais sur le présent mais procède par de multiples allers et retours ; il fouille le passé ou explore le futur lorsque l’action s’emballe et se tend irrémédiablement, puis revient ensuite de manière assez fluide et tranquille aux péripéties en train de se dérouler... Ce procédé habile, qui joue vraiment sur des différences de tempo, rend le récit très vivace et ménage des bons moments de suspense pour le jeune lecteur.
Le deuxième tome, Les yeux d’Elisha, est un peu plus linéaire dans sa narration ; en revanche, Timothée de Fombelle saute d’un personnage à un autre pour faire évoluer son histoire, ce qui la rend la aussi beaucoup plus dynamique. Ainsi par exemple, l’auteur abandonne Tobie quand celui-ci se retrouve dans une impasse, pour poursuivre son récit à travers les yeux de la famille Asseldor, et ainsi de suite. Là encore, tout cela est mené avec une maestria qui nous régale les yeux et l’entendement !
Le roman dans son ensemble possède également plusieurs niveaux de lecture qui le rend intéressant pour différents publics. Ainsi, on peut le voir tout à fait comme une histoire d’amour très belle entre le jeune Tobie Lolness et Elisha Lee ; on peut aussi lire un formidable roman d’aventures et une grande épopée ainsi qu’un vibrant plaidoyer pour le courage et l’honnêteté ; enfin, les plus adultes seront peut-être sensibles aux thèmes qui alimentent le récit comme le souci de l’écologie ou la dichotomie centre-ville / banlieue de notre société contemporaine (à travers les effroyables cités construites par Jo Mitch Arbor) – et ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres !
Bref, vous l’aurez compris, il ne faut pas passer à côté de ce très beau roman pour la jeunesse, touchant et poétique, plein de trouvailles en tout genre. Et puis, c’est l’occasion aussi de découvrir l’origine cachée de certaines expressions comme "Entendre une mouche voler" ou "Ne pas être dans son assiette" ou "Vieille branche" !