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Le bilan réalisé en 2011 au terme de trente ans de restaurations consacrées au Stanza de Raphaël au Vatican est un des plus riches du point de vue de l'avancée des connaissances sur l'artiste et son atelier. L'achèvement des travaux de restauration de la seconde chambre des Appartements Borgia décorés par Pinturicchio offre une occasion précieuse de distinguer l'oeuvre de Raphaël des réalisations de la génération de ses maîtres mais aussi de la situer par rapport à son grands rival Michel Ange ou encore de mesurer son influence sur ses contemporains et les générations suivantes.
En pleine crise politique, et face à un monde en plein bouleversements, marqués par la découverte de l'Amérique, le despotisme des Borgia, l'occupation de l'Italie par la France et les prémices de la Réforme, ces fresques s'imposent comme la référence entre toutes de la culture occidentale tout en affirmant une suite de principes politiques et théologiques. Les appartements Borgia et les Stanze sont des espaces officiels de deux papes successifs.
La fonction de ces lieux est ici expliquée ; surtout dans la mesure où les deux artistes, Pinturicchio et Raphaël, et leurs ateliers respectifs, ont eu à travailler dans des conditions particulières, pressés par le temps et en lien direct avec leurs commanditaires. Les deux artistes inventent des solutions techniques differentes, inédites et jusqu'ici restées secrètes. Le premier paraît en outre avoir donné à son équipe disparate un maximum de liberté de manoeuvre tandis que le second, son benjamin, a mis toute son énergie dans une organisation efficace de l'atelier et son investissement personnel.
L'approche de leur pratique technique permet d'entrer dans l'intimité de leur travail. Des jets de couleurs de leur pinceau à leur régime alimentaire ou encore à la manière dont les artistes ont limité les dégâts causés par les accidents d'échaffaudage, tout cela avec lequel la tâche des retaurateurs a dû compter, tout cela est visible sur les prises de vue réalisées au cours des travaux. L'examen des indices révélés par la restauration se poursuit.
Néanmoins, de gros acquis peuvent être communiqués aujourd'hui, à l'occasion de ces conférences du Louvre et de leur publication dans le présent ouvrage. Bien des réponses peuvent être aujourd'hui apportées, par exemple, à la question de l'appartenance ou non de Lorenzo Lotto à l'atelier de Raphaël, à la chronologie de la Chambre de la Signature ou de celle d'Eliodore, par exemple. Au-delà de ces avancées, l'Auteur s'applique à établir les rapprochements qui s'imposent entre le Raphaël fréquiste et le Raphaël peintre de tableaux.
