En cours de chargement...
Un peu plus du tiers des personnes vivant en couple au Québec sont en union libre, soit la plus importante proportion de conjoints de fait au Canada, mais aussi au monde. Comment expliquer ce phénomène ? Paradoxalement, le Québec est aussi la seule province canadienne n'ayant pas procédé à un encadrement légal de l'union libre. Cet essai vise à éclairer, d'un point de vue sociologique, l'augmentation des unions conjugales en marge du droit en présentant le point de vue des couples.
Les transformations récentes dans les relations économiques entre conjoints ont contribué à mettre à l'avant-scène l'idéal de l'amour, l'autonomie et l'égalité de chacun dans la vie à deux. Or le droit, au contraire, convie les conjoints à l'anticipation d'une éventuelle rupture et à la froide rationalité du contrat comme instrument de protection. Ce contexte particulier, doublé des messages contradictoires du législateur, ont contribué à l'émergence du mythe du mariage automatique, soit la croyance, très répandue dans la population, qu'après quelques années de vie commune ou la naissance d'un enfant, l'État assimile les conjoints de fait aux couples mariés.
Présent aussi au-delà des frontières du Québec, ce mythe témoigne plus fondamentalement d'un écart normatif qui s'est immiscé dans les dernières années entre les normes conjugales contemporaines et celles qu'édicte le droit.