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Déracinée, Samira a trouvé en Crète un lieu pour vivre, un univers qui, s'il lui demeure un peu étranger, est devenu profondément le sien, sublimé par la mer et les montagnes qui en forment les contours. Elle épouse là le bel Eleftheris et ouvre une petite cantine sur la plage de l'Akrotiri, mondialement célèbre depuis le succès du film Zorba le Grec. Son bonheur n'est cependant pas sans ombres. Comment oublier qu'elle a trahi de vieux amis - et fermé les yeux sur un meurtre - pour le gagner ? Comment accepter les règles ancestrales, parfois si violentes, qui gouvernent la communauté où elle vit désormais ? Guidée par la présence quasi palpable des dieux anciens et soutenue par son ami Walter, le chef opérateur de Zorba, qui a choisi lui aussi de vivre sur l'île, Samira trace lentement son chemin vers une véritable rédemption.
L'écriture vive et charnelle de Corine Jamar traduit finement cette quête d'authenticité et d'accomplissement qui anime ses personnages, et leur confère une émouvante justesse. Leurs doutes, leurs contradictions et leurs espoirs ne seraient-ils pas les nôtres ? Le roman raconte l'histoire d'une femme qui, lorsqu'elle rencontre l'homme de sa vie, un Crétois, et s'installe sur l'île, trahit de vieux amis.
Ce thème de la trahison est traité de manière touchante et originale. Le cadre du roman est peu connu et fascinant : la Crète y apparaît comme un monde à part où subsistent, pour le meilleur et pour le pire, des règles et un système de valeurs particuliers. Un des personnages se détache des autres : le chef opérateur (bien réel) de Zorba le Grec, venu vivre là où a été tourné le film de Cacoyannis.
Une écriture d'une grande fluidité, un roman composé par petites touches, dont le dessin principal n'apparaît que petit à petit, nous laissant avec l'évidence que les choses ne sont jamais aussi simples que l'on aimerait le croire.
Sur un air de sirtaki
Le soleil, le sable, la mer, la montagne, un décor paradisiaque dont Samira est tombée amoureuse au premier regard. C'est là, à Stavros, dans la péninsule d'Akrotiri, qu'elle a choisi de commencer une nouvelle vie, loin de la France où elle a laissé de mauvais souvenirs. Dans ce cadre idyllique qui vit danser Zorba le Grec dans les années 60, elle a rencontré Eleftheris. Ils se sont aimés et se sont mariés. Pendant que son mari pêche, Samira cuisine pour les touristes dans sa petite cantine sur la plage. Ce pourrait être le bonheur si pour l'atteindre elle n'avait pas été obligée de trahir sa meilleure amie Claudie et son mari Fred. Cette trahison, elle l'a cachée au fond de son cœur avec ses remords et ce n'est pas là son seul secret. Témoin du meurtre d'Elios, un restaurateur voisin et ami, elle a gardé le silence. Pour préserver son rêve de bonheur, pour préserver son mari. Mais en Crète, comme partout ailleurs en Grèce, les Dieux aiment à tourmenter les hommes et la tragédie n'est jamais bien loin.
D'abord, il y a la Crète, personnage à part entière du roman. Encore préservée, mais menacée par les promoteurs immobiliers, la péninsule d'Akrotiri offre au regard ses eaux bleues et ses montagnes, une nature intacte avec laquelle Eleftheris et Samira vivent en harmonie. Quand il va mal, le crétois prend son bateau et se laisse ballotter par les flots, ou va errer dans la montagne, plus haut, plus proche des Dieux. S'il forme avec Samira le couple central, autour d'eux gravitent des personnages tout aussi forts. Walter, le chef-opérateur de Zorba le Grec, oscarisé à Hollywwood, allemand établi sur l'île, qui sert sinon de père, du moins de conseiller et d'ami à la française. Yannis, le frère aîné d'Eleftheris, un crétois l'ancienne, viscéralement attaché à son île et à ses traditions, abusant de son droit d'aînesse, violent, arrogant, détestant les touristes. Nadine, la belle belge, l'amie trahie qui évite la plage mais dont l'ombre plane sur le bonheur de Samira, Nadine qui rumine sa rancoeur et pourquoi pas sa vengeance...
Roman de la trahison, des remords mais aussi du pardon, On aurait dit une femme couchée sur le dos est aussi un hymne à La Crète et à la beauté de ses paysages, que l'on lit avec en fond sonore la musique de Mikis Theodorakis sous l'oeil bienveillant de Zorba. Racontée par le fils de Samira et E, l'histoire de ses parents est surtout le roman de l'amour, doux, entier, parfois tragique. Une très belle découverte.