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Dans sa provenance kierkegaardienne, la répétition n'est pas
un concept de la pensée pure qui requiert une présentation
mais ce qui appelle à une mise en scène plurielle à travers des
individualités déterminées et des sphères d'existence
qualitativement différentes. S'il s'inscrit dans l'éthique
religieuse, ce concept vise particulièrement à exprimer l'action
(drama, handling) intérieure et le mouvement par lesquels
l'existence se rapporte à elle même et, au-delà, à l'absolu qui la
décentre radicalement.
Un tel concept-événement doit aussi
bien pouvoir se raconter, se dire et se mettre en scène du point
de vue de ce que Kierkegaard appelle la production littéraire.
Cette esthétique de la répétition n'est jamais restée lettre morte
dans le nord. Cette idée dramatique n'a cessé d'inspirer le
théâtre (Ibsen, Strindberg) mais aussi le cinéma dans sa
continuité et sa rupture avec le théâtre (Dreyer) comme dans
sa volonté de pleine assomption de l'imaginaire renaissant à
lui-même (Bergman).
Au-delà du réel de l'existence qu'il
problématise à la faveur de sa dramatisation, le concept de la
répétition affecte la forme même de l'art qui doit mourir dans
sa forme inauthentique pour renaître dans une forme
renouvelée d'expression où l'imaginaire apparaît dans sa vérité
dépouillée de son enveloppe mensongère : l'art né de la
répétition est vérité. La répétition n'est pas seulement un
principe spirituel au plan éthique mais ce qui, au plan
esthétique, affecte l'art dans sa forme même.