Abha Dawesar nous propose avec “Madison Square Park” un sixième roman inspiré qui plonge ses racines dans une enfance indienne et qui doit composer avec la modernité de New Yorkaise où Uma vit depuis qu’elle a quitté son Inde natale. Dawesar continue à creuser son sillon autour de la question des origines, de la tradition et du combat des femmes pour vivre la vie qu’elles ont choisie. Avec beaucoup d’acuité elle sait faire émerger les tensions cachées au coeur des êtres, les équilibres précaires qu’ils parviennent péniblement à établir et qui peuvent se rompre
un jour parce qu’une nouvelle vient tout bouleverser. Uma est une jeune femme brillante qui a su se construire une vie très loin de son pays d’origine avec Thomas, un homme qu’elle a choisi et qui ne ressemble guère à ce que la tradition indienne lui aurait réservée. C’est sans doute là que se niche la puissance du travail littéraire d’Abha Dawesarn, cette incroyable capacité à rapprocher l’extrême modernité d’une vie américaine et le poids d’un héritage familial qu’il est impossible d’effacer vraiment. Uma doit constamment composer entre deux mondes qui n’ont rien en commun. “ L’odeur si prégnante de ce savon vert me fait penser à mon père et à l’Inde. Un savon qui collait au min et collait tout ce que je touchais - le seau, le robinet, la tasse – en vert. Il laissait la peau sèche et fripée, le dessus des mains blanc. C’est en Amérique que j’ai découvert les produits Dove, les laits pour le corps, des shampoings qui sentaient le fruit de la passion et des après-shampoings qui rendaient mes cheveux raides et épais , soyeux et doux au toucher. Brillants.” Uma a beau garder son père alcoolique et sa mère angoissée à distance de sa vie, l’Inde continue à travailler en elle. On ne se débarasse pas des traditions de son pays d’origine parce qu’on vit dans la ville la plus moderne du monde. C’est ce que va découvrir la jeune femme quand l’annonce de sa maternité redistribuera les cartes de sa vie.
Une fois de plus Abha Dawesar réussit à jouer merveilleusement sur cet entre deux où se livre le combat d’une femme pour sa liberté. La traduction de Laurence Videloup a su conserver la saveur des descriptions du monde perdu de l’enfance indienne d’Uma et la dimension tragi-comique des rapports familiaux. “Madison Square Park” est un excellent roman qui conjugue exotisme et puissance narrative.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Abha Dawesar nous propose avec “Madison Square Park” un sixième roman inspiré qui plonge ses racines dans une enfance indienne et qui doit composer avec la modernité de New Yorkaise où Uma vit depuis qu’elle a quitté son Inde natale. Dawesar continue à creuser son sillon autour de la question des origines, de la tradition et du combat des femmes pour vivre la vie qu’elles ont choisie. Avec beaucoup d’acuité elle sait faire émerger les tensions cachées au coeur des êtres, les équilibres précaires qu’ils parviennent péniblement à établir et qui peuvent se rompre un jour parce qu’une nouvelle vient tout bouleverser. Uma est une jeune femme brillante qui a su se construire une vie très loin de son pays d’origine avec Thomas, un homme qu’elle a choisi et qui ne ressemble guère à ce que la tradition indienne lui aurait réservée. C’est sans doute là que se niche la puissance du travail littéraire d’Abha Dawesarn, cette incroyable capacité à rapprocher l’extrême modernité d’une vie américaine et le poids d’un héritage familial qu’il est impossible d’effacer vraiment. Uma doit constamment composer entre deux mondes qui n’ont rien en commun. “ L’odeur si prégnante de ce savon vert me fait penser à mon père et à l’Inde. Un savon qui collait au min et collait tout ce que je touchais - le seau, le robinet, la tasse – en vert. Il laissait la peau sèche et fripée, le dessus des mains blanc. C’est en Amérique que j’ai découvert les produits Dove, les laits pour le corps, des shampoings qui sentaient le fruit de la passion et des après-shampoings qui rendaient mes cheveux raides et épais , soyeux et doux au toucher. Brillants.” Uma a beau garder son père alcoolique et sa mère angoissée à distance de sa vie, l’Inde continue à travailler en elle. On ne se débarasse pas des traditions de son pays d’origine parce qu’on vit dans la ville la plus moderne du monde. C’est ce que va découvrir la jeune femme quand l’annonce de sa maternité redistribuera les cartes de sa vie.
Une fois de plus Abha Dawesar réussit à jouer merveilleusement sur cet entre deux où se livre le combat d’une femme pour sa liberté. La traduction de Laurence Videloup a su conserver la saveur des descriptions du monde perdu de l’enfance indienne d’Uma et la dimension tragi-comique des rapports familiaux. “Madison Square Park” est un excellent roman qui conjugue exotisme et puissance narrative.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)