Le 11 septembre a marqué de son empreinte la vie des New Yorkais mais a aussi considérablement influencé les écrivains américains. On pense à Dan Dellilo ou encore à Jonathan Safran Foer qui nous ont proposé des romans hantés par la conflagration de cet événement. Joyce Maynard avec “Les règles d’usage” fait, elle aussi, démarrer l’action de son récit le 11 septembre 2001.
Pour Wendy, treize ans, qui vit avec sa mère, son beau père et son petit frère à Brooklyn c’est une journée comme les autres du moins au début. Mais après les attaques terroristes sa mère ne
revient pas. “Ils ne savaient pas grand chose. Seulement qu’un avion s’était écrasé contre une des tours du World Trade Center. La tour de sa mère. Dans la salle de classe, les élèves avaient pour consigne de rester assis à leur bureau jusqu’à ce qu’on vienne les chercher. Les trois quarts d’entre eux étaient agglutinés devant les fenêtres, non qu’on vît grand-chose à cause de la fumée.” Le décor est posé, infiniment tragique. L’attente va être interminable, des heures, puis des jours. La sidération gagne chaque membre de la famille. Progressivement Wendy prend conscience de cette irrévocable absence. Lentement la réalité qui était la sienne se dérobe, comme pour tous les enfants à l’orée de l’adolescence la famille possède un caractère définitif. Pourtant pour Wendy tout a basculé et rien ne subsiste plus qu’un douloureux souvenir.
Commence alors une longue quête qui va voir Wendy partir chez son père en Californie, un homme qu’elle connait mal, tout en cherchant de légitimes réponses à la situation que le destin lui impose. Elle va bientôt cesser de se rendre au collège préférant partir seule à l’aventure dans les rue de Davis, la petite ville de la banlieue de Sacramento où son père Garrett a élu domicile. Ces fugues vont déboucher sur des rencontres souvent surprenantes : une mère adolescente, un libraire plein d’esprit et de clairvoyance et son fils autiste, un jeune marginal qui traverse le pays pour retrouver un frère hypothétique. Chacune d’elle aura une vertu cathartique, chacune de ses réponses lui offrira la possibilité d’un autre regard sur la vie. Wendy va alors quitter l’enfance et entrer de plain pied dans l’adolescence en prenant une décision très personnelle, celle d’un choix de vie, le sien.
“Les règles d’usage” est sans doute le meilleur roman de de Joyce Maynard fort bien traduit par Isabelle D. Philippe. Roman de la perte tout autant que de la renaissance à soi même, “Les règles d’usage” entraîne le lecteur dans une profonde méditation sur le sens de nos existences et nous rappelle quel incroyable privilège nous avons d’avoir, tout simplement, la chance de vivre.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Un formidable roman sur l’adolescence, mais pas que
Wendy est une adolescente ordinaire qui grandit à New York dans les années 2000.
Sa vie est plus que banale jusqu’à ce fameux jour du 11 septembre 2001.
Sa mère, qui travaillait dans les tours, a disparue.
Ce roman ne se veut pas l’histoire des attentats : ils ne sont qu’un prétexte pour raconter la reconstruction après une perte immense au moment où la construction de soi est la plus forte, l’importance de la famille et surtout la définition même de celle-ci : est-ce qu’un beau-père peut avoir plus d’importance qu’un père ?
Attention, c’est triste par moments, mais c’est surtout très lumineux et une très très belle histoire !