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Les mathématiques japonaises (le wasan) ont jusqu'ici rarement trouvé place au sein d'une histoire générale des mathématiques. Elles ne pouvaient se prévaloir d'être les plus anciennes du monde : leur développement se situe entre le XVII et le XIX siècle, alors même que se dessinent en Occident les contours des mathématiques dites modernes. Elles ne pouvaient non plus prétendre avoir contribué à la constitution de ces dernières.
La production foisonnante du wasan est restée largement méconnue en dehors du Japon. Mais, plutôt que de lui trouver une place à tout prix, pourquoi ne pas employer le wasan comme uq instrument de distanciation et de réflexion par rapport 4 notre propre tradition ? Cette étude se veut un premier pas dans ce sens. Elle éclaire un moment-clé de son développement, lorsque les Japonais découvrent l'algèbre à une inconnue dans un manuel chinois du XIII siècle et élaborent à partir de cette dernière un système de notations et de techniques de calcul d'une grande finesse, rappelant les réalisations de leurs contemporains européens.
Au-delà de l'aspect mathématique, cet ouvrage apporte également un éclairage sur l'époque qui a vu naître cette activité scientifique. A travers la vie et la carrière de Seki Takakazu et de Takebe Katahiro, amplement développées ici, on pourra entrevoir la corrélation déjà cruciale entre pouvoir et science dans le Japon des shôgun Tokugawa.