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Certaines fautes de la Première Guerre mondiale résultent
d'une incapacité à s'adapter à un univers transformé par la
technologie. En effet, pour la première fois dans l'histoire,
l'armement est un élément clé de la stratégie. Quelques clés
sont essentielles. En 1914-1915, la mitrailleuse et les barbelés
favorisent la défensive. En 1917-1918, les armes collectives
portatives redonnent des possibilités à l'attaque, mais celle-ci
reste handicapée par l'asymétrie des mobilités tactique et
stratégique : l'exploitation des percées se révèle impossible
parce que le fantassin et sa logistique ne peuvent rivaliser avec
le transport stratégique par voie ferrée chez le défenseur.
Durant chacune des quatre années de la guerre, chaque camp a
une possibilité de victoire. Les occasions sont mal exploitées à
cause de l'incompréhension de la nature de la guerre totale et
industrielle. Ainsi, les stratégies sont purement militaires avec
des horizons à court terme, quand il faut penser les facteurs
politiques et raisonner en années. Les vertus des manoeuvres
périphériques et de la temporisation sont alors ignorées.
Comprendre la stratégie d'un camp permet de trouver celle que
doit adopter l'autre camp. Ainsi, la base du plan Schlieffen
n'est pas l'attaque à travers la Belgique, mais l'élimination de
la France avant la Russie. La parade est une attitude défensive
du côté français. Ou bien, en 1917, pour sauver son régime et
la Russie, Kerensky doit faire le contraire de ce qu'attend
Lénine.