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La mélancolie, ou bile noire, est-elle le propre du génie - comme on le pensait à la Renaissance, comme le soutient déjà Aristote ? L'artiste est-il soumis à l'influence astrale de Saturne, la planète des mélancoliques, mais aussi des pendus, des joueurs et des gardiens de porcs ? Y a-t-il une personnalité distincte de l'artiste ? Est-il d'une autre espèce que les autres hommes ? Célèbre ou marginal, quel rôle joue-t-il dans l'imaginaire de son temps ? C'est à ces questions que répond le grand historien d'art Rudolf Wittkower (avec le concours de sa femme Margot) dans une fresque foisonnante où s'agitent les violents (Cellini, Caravage, Tassi), où meurent les suicidaires (Rosso, Borromini), où scandalisent les pervers (Sodoma), où délirent les paranoïaques (Messerschmidt), où manœuvrent les habiles (Titien), où s'enflamment les amoureux (Fra Filippo Lippi, Raphaël).
Nous voyons les peintres et sculpteurs les plus illustres prendre vie à travers les Correspondances, les Mémoires, les anecdotes, les rapports de police, les minutes de procès, les témoignages de Vasari, Van Mander, Baldinucci, Baglione, Sandrart, etc., - cependant que se transforme sous nos yeux la position sociale de l'artiste : domestique et artisan jusqu'au XVe siècle, le voici désormais sollicité, courtisé, parfois couvert d'or par les papes, les rois ou les empereurs (Michel-Ange, Rubens, Bemin, Vélasquez).
Au terme de cette vaste enquête - de cette accumulation de " biographèmes ", pour reprendre le terme de Roland Barthes -, une interrogation surgit, rendue nécessaire par les incursions de plus en plus fréquentes de la psychanalyse en histoire de l'art : qu'en est-il du statut de la biographie ? en quoi éclaire-t-elle la production des œuvres ?