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Bonjour, Monsieur/Madame Berthier, Je m'appelle Christophe
Hanna, je suis écrivain et professeur de littérature à Lyon. Je
me permets de vous appeler car je suis en train de travailler à
un ouvrage concernant la prise d'otages de la maternelle de
Neuilly qui a eu lieu en 1993. Je fais appel à vous pour cette
raison : quelques jours avant la prise d'otages, l'auteur avait
averti qu'il passerait à l'acte, d'une façon étrange, il a envoyé
une lettre à des personnes qui, toutes, s'appelaient Berthier,
comme vous, et résidaient à Paris.
J'aimerais simplement
savoir, dans un premier temps, si vous faisiez partie des
Berthier concernés par ce courrier. Et ensuite, si vous le
voulez bien, j'aimerais vous poser quelques questions
concernant les souvenirs que vous pourriez avoir de cette
histoire. Peu importe si vous en avez peu, c'est la façon dont
fonctionne votre mémoire qui m'intéresse, plus en tout cas que
de revenir sur la réalité exacte de cette affaire pour en donner
de nouveaux scoops.
En mai 1993, Erick Schmitt, que les
médias présentèrent comme un homme devenu dépressif après
un échec professionnel, avait retenu captifs 21 enfants et leur
institutrice dans une classe d'école maternelle, à Neuilly-sur-
Seine. Pour éviter de faire entendre sa voix, il communiquait
par l'entremise de tapuscrits prérédigés signés H.B., dans
lesquels il menaçait, entre autres, de faire sauter des bâtons de
dynamite et la bombe qu'il portait avec lui, si le gouvernement
ne lui cédait pas rapidement 100 millions de francs et un
moyen de fuite.
Il existe des archives vidéo bien connues,
montrant Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly et ministre
du Budget, prendre part aux négociations et obtenir l'échange
d'enfants contre quelques sacs de billets ou une télé. La
Rédaction a téléphoné à quelque 130 Berthier de Paris dont le
numéro était dans l'annuaire, pour leur soumettre un
questionnaire. A partir de leurs réponses, a été constitué un
rapport: une image statistique de ce qui reste de ces
événements dans l'opinion publique, et de la façon dont ils
s'articulent à des expériences singulières comme à des
croyances politiques.