Mark Grosset navigue dans l'univers de la photographie depuis sa naissance en 1957. Fils de Raymond Grosset qui a fondé l'agence Rapho en 1946, il abandonne la filière universitaire après son bac et préfère aller vendre de la photographie pour le compte de Sipa Press. Son apprentissage auprès de Göksin Sipabioglu dure deux ans. On le retrouve ensuite en 1982 à la Compagnie des reporters créée un an plus tôt par un transfuge de Libération, Michel Puech. A 25 ans, le jeune rédacteur en chef exerce son œil sur l'editing des sujets, sur le choix des images qui se vendront le mieux, jusqu'à se voir proposer en 1984 la direction du bureau que l'agence américaine Black Star monte à Paris. En 1986, il intègre l'agence Rapho et en assure la direction, avec l'une de ses sœurs, à partir de 1991, au départ de Raymond Grosset. Sa conception du photojournalisme lui vaudra d'être sollicité en 2001 pour présider le jury des World Press Photo Awards. A partir de 1988, il se passionne pour la photographie soviétique, et voyage alors régulièrement en URSS puis en Russie. Grâce aux liens étroits qu'il tisse avec l'Union russe des photographes d'art, il découvre de nombreuses collections inédites. En 2002, il crée Mark Grosset Photographies (www.mark-grosset-photographies. com), société qui œuvre à la mise en valeur du patrimoine photographique soviétique. Concomitamment, il assure en France des fonctions de directeur des études à l'école photographique Icart-Photo de Levallois. Il publie en 2004 aux éditions du Chêne une monographie, Khaldei, un photoreporter en Union soviétique. En février 2006, il apprend que la maladie ne lui laisse plus que quelques mois. Il consacre alors ses forces à achever cet ouvrage. La mort survenue en août 2006 ne lui laissera pas en voir la parution. Né et élevé dans le milieu russe de Paris, Nicolas Werth est le fils du journaliste et historien Alexander Werth, envoyé spécial de la BBC sur le front russe dès l'automne 1941. Après des études d'histoire (Ecole normale supérieure et agrégation), il part en URSS. Il y passera, entre 1975 et 1993, une douzaine d'années. D'abord comme lecteur (à Minsk et Moscou), puis comme attaché culturel à l'ambassade de France, durant les années de la perestroïka, enfin comme chercheur détaché du CNRS, à partir de 1990. Passionné par ce pays en plein bouleversement, il s'y fait de nombreux amis, aussi bien dans le monde universitaire que dans les milieux artistiques. De son poste d'observateur chargé de rendre compte des changements en cours dans la sphère culturelle et idéologique, il analyse les formidables bouleversements de la perestroïka dans les dépêches qu'il envoie régulièrement au Quai d'Orsay. Il est aussi l'un des premiers chercheurs occidentaux à explorer les archives qui commencent à s'ouvrir. En 1991, son Histoire de l'Union soviétique, parue l'année précédente aux Presses universitaires de France, est traduite en russe et devient le premier manuel universitaire écrit par un auteur étranger. Ayant intégré en 1995 l'Institut d'histoire du temps présent, Nicolas Werth continue chaque année à se rendre en mission en Russie. Il y a notamment co-dirigé, avec une équipe de collègues russes, une monumentale Histoire du Goulag en sept volumes, parue en 2004. C'est au cours de l'un de ses nombreux séjours à Moscou qu'il fait la connaissance de Mark Grosset. Une solide amitié s'est rapidement nouée entre ces deux passionnés d'histoire, de culture, d'art et de photographie russes. Et un projet commun est né : le présent livre.