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En Sibérie, au début des années 1960. Chien de garde d'une redoutable efficacité, Rouslan voit son monde s'écrouler un matin : le camp de prisonniers vient de fermer, son maître lui donne congé. Que faire quand on n'a connu que le travail ? Quand toute sa vie, on a répondu aux ordres ? Quand on ne sait rien faire d'autre que garder des prisonniers ? Si les autres chiens vont quémander de la nourriture et un abri chez les villageois, Rouslan, lui, ne se compromet pas.
Hier encore, il sautait à la gorge du prisonnier fuyard, son flair lui faisait retrouver celui qui avait volé un quignon de pain, son endurance le faisait courir des heures derrière les colonnes de détenus. Certes, Rouslan a parfois été choqué, comme ce jour où un des chiens, le plus sauvage, le meilleur, capable de tuer un prisonnier d'un seul coup, a été emmené par les maîtres dans la forêt et n'en est jamais revenu ; ou cette autre journée où les détenus ont refusé de sortir par - 40 degrés et où les gardiens les ont arrosés d'eau.
Mais Rouslan le sait, c'est dans la force et dans l'ordre qu'on trouve la liberté.
Une autre vue des goulags !
C’est à travers Rouslan, chien de gardiens de goulags, que Vladimov va raconter leur fermeture et la déstalinisation en marche !
L’idée est très bonne car malgré toute la délicatesse mise dans la narration du point de vue de Rouslan, celle-ci est glaçante et rend compte de ce qui se passait dans ces camps !
L’auteur n’a pas tenté de faire un humain du chien et ses pensées pourraient réellement être celles d’un être dressé, aimant et fidèle ! La torture a aussi fait partie de sa jeune vie afin qu’il soit tel qu’utile dans son “travail” pour le Service !
Rouslan est l’image du soviétique formaté, cadré, sans état d’âme ni pitié pour les internés ! Tout en étant une critique et une condamnation du régime, ce roman est poignant car la machine a été aussi destructrice avec les animaux utilisés à son strict déroulement et le fait qu’ils soient “jetables” une fois cette utilité disparue !
La signification des propos étaient très clairs et ce livre a été interdit à la publication en URSS. Représentant d’Amnesty International, dissident, l’auteur dut émigrer en Allemagne de l’ouest quelques années plus tard.
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