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Tamima est une vieille conteuse. Tous les vendredis, elle raconte aux enfants de son village les aventures de son frère, qui, à l'instar de Mowgli, fut recueilli dans son enfance par une meute de chiens sauvages. Tamima et sa famille vivent en Birmanie mais ils ne sont pas totalement birmans. Ils appartiennent à l'ethnie musulmane Rohingya, opprimée par l'armée et détestée par la population bouddhiste.
Les Rohingyas sont considérés comme la minorité la plus persécutée au monde. Yves Bourny, qui a vécu une dizaine d'années en Birmanie, veut attirer l'attention sur les persécutions subies par les Rohingyas. La communauté internationale commence à parler de génocide pour qualifier cette crise qui passe aujourd'hui presque inaperçue en Occident. La Birmanie est en pleine mutation avec la mise en place en ce moment même d'un gouvernement démocratiquement élu, après 50 ans de règne d'une junte militaire brutale et corrompue.
Malheureusement, les changements politiques attendus depuis longtemps s'accompagnent de mutations sociales beaucoup plus inquiétantes. Le peuple birman, bouddhiste en grande majorité, se cherche une nouvelle identité à travers un hyper-nationalisme religieux construit sur le rejet de minorités ethniques perçues comme une menace pour l'idéal racial et culturel de la nouvelle Birmanie.
