La peine de mort a reculé un peu partout dans le monde depuis une trentaine d’années et les éditions rue d’Ulm dans le cadre des rencontres de Normale Sup nous propose un petit ouvrage sur la question. La problématique est très simple : peut-t’on imaginer que l’abolition devienne un jour la règle commune ? La série de contributions que nous propose l’ouvrage associée à la remarquable cartographie en couleur portant sur le sujet éclairent avec acuité l’une des grande question à laquelle doit faire face l’humanité.
Le propre de la peine de mort, dans la
mesure où elle s’inscrit par principe dans un système de droit visant à répondre à certains crimes extrêmes au sein de l’humanité, c’est de présenter comme une institution répondant à certaines règles et s’efforçant , comme tout le système du droit et de la justice, de nous faire sortir du règne de la vengeance et de la sauvagerie. Frédéric Worms propose de regarder l’abolition de la peine de mort comme le principe et le modèle véritable de l’institution de l’humanité, face aux questions de la vie et de la mort, c’est à dire en définitive comme l’institution et même la condition d’une vie humaine. Selon le philosophe abolir la peine de mort, ce n’est pas seulement effacer une illusion, ou une institution illusoire, c’est entrer dans une autre institution. Il en propose les conditions et les contours.
Jean Claude Monod nous propose de son côté une approche qui part du travail de Derrida et à l’exploration du concept de “théologico-politique” car l’histoire de la peine de mort et de l’abolition est inséparable du “théologico-politique” c’est à dire d’une histoire toujours en cours, toujours agissante, de la souveraineté comme droit de vie et de mort et de la déconstruction de la souveraineté. Derrida retrouve chez les plus grands philosophes, dont Kant et Hegel, l’idée d’une peine de mort comme don, dû au crimminel, à l’humanité et à la rationnalité du crimminel comme être moral.
Une contribution de Sandra L.Babcock sur le droit international et la peine de mort présente comme essentiel le rôle des avocats, des juges et des procureurs dans les pays en voie de développement. Leur formation doit être associée au travail des experts internationaux afin que ces derniers puissent aider les Etats à mettre en oeuvre les bonnes pratiques visant à limiter les condamnations à mort.
L’ouvrage explore aussi la réflexion de Victor Hugo autour de la peine de mort, l’écrivain chercha tout au long de son existence à remettre en cause la croyance en l’exemplarité de cette peine. Enfin un excellent article collectif réclame le développement d’une cartographie dynamique de la peine de mort et de son abolition. Ces cartes permettent en effet de représenter l’historicité des évolutions juridiques et des exécutions.
L’ensemble des contributions permettent de se faire une idée précise sur le mouvement vers l’abolition mais aussi de faire le point sur le caractère évolutif du droit positif dans la pratique des Etats, des organisations internationales, ou encore des juges. La conclusion de Mireille Delmas-Marty et la postface de Robert Badinter referment un ensemble passionnant sur une question qui continue à être centrale dans de nombreux pays.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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La peine de mort a reculé un peu partout dans le monde depuis une trentaine d’années et les éditions rue d’Ulm dans le cadre des rencontres de Normale Sup nous propose un petit ouvrage sur la question. La problématique est très simple : peut-t’on imaginer que l’abolition devienne un jour la règle commune ? La série de contributions que nous propose l’ouvrage associée à la remarquable cartographie en couleur portant sur le sujet éclairent avec acuité l’une des grande question à laquelle doit faire face l’humanité.
Le propre de la peine de mort, dans la mesure où elle s’inscrit par principe dans un système de droit visant à répondre à certains crimes extrêmes au sein de l’humanité, c’est de présenter comme une institution répondant à certaines règles et s’efforçant , comme tout le système du droit et de la justice, de nous faire sortir du règne de la vengeance et de la sauvagerie. Frédéric Worms propose de regarder l’abolition de la peine de mort comme le principe et le modèle véritable de l’institution de l’humanité, face aux questions de la vie et de la mort, c’est à dire en définitive comme l’institution et même la condition d’une vie humaine. Selon le philosophe abolir la peine de mort, ce n’est pas seulement effacer une illusion, ou une institution illusoire, c’est entrer dans une autre institution. Il en propose les conditions et les contours.
Jean Claude Monod nous propose de son côté une approche qui part du travail de Derrida et à l’exploration du concept de “théologico-politique” car l’histoire de la peine de mort et de l’abolition est inséparable du “théologico-politique” c’est à dire d’une histoire toujours en cours, toujours agissante, de la souveraineté comme droit de vie et de mort et de la déconstruction de la souveraineté. Derrida retrouve chez les plus grands philosophes, dont Kant et Hegel, l’idée d’une peine de mort comme don, dû au crimminel, à l’humanité et à la rationnalité du crimminel comme être moral.
Une contribution de Sandra L.Babcock sur le droit international et la peine de mort présente comme essentiel le rôle des avocats, des juges et des procureurs dans les pays en voie de développement. Leur formation doit être associée au travail des experts internationaux afin que ces derniers puissent aider les Etats à mettre en oeuvre les bonnes pratiques visant à limiter les condamnations à mort.
L’ouvrage explore aussi la réflexion de Victor Hugo autour de la peine de mort, l’écrivain chercha tout au long de son existence à remettre en cause la croyance en l’exemplarité de cette peine. Enfin un excellent article collectif réclame le développement d’une cartographie dynamique de la peine de mort et de son abolition. Ces cartes permettent en effet de représenter l’historicité des évolutions juridiques et des exécutions.
L’ensemble des contributions permettent de se faire une idée précise sur le mouvement vers l’abolition mais aussi de faire le point sur le caractère évolutif du droit positif dans la pratique des Etats, des organisations internationales, ou encore des juges. La conclusion de Mireille Delmas-Marty et la postface de Robert Badinter referment un ensemble passionnant sur une question qui continue à être centrale dans de nombreux pays.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)