Secrets bien enfouis, famille, quête identitaire, recherches, douleurs du secret. Hélène Gestern nous embrigade dans une nouvelle quête, une nouvelle enquête sur les secrets familiaux.
Embrigade est bien le mot car nous nous retrouvons au milieu d’un groupuscule d’extrême-gauche des années 70.
A+ et B-, deux groupes sanguin incompatibles et Laurence découvre brutalement qu’elle n’est pas la fille de son père.
Petit à petit, mais inexorablement, elle va à la pêche aux informations. Spécialiste de l’histoire du papier, son métier, ses relations vont lui permettre
d’avancer et de découvrir
Guillermo Zorgen, activiste d’extrême-gauche. Son père ? « Au fond, j’avais envie d’être née de cette liaison qui avait eu l’intensité des grandes amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. » Mais on ne remue pas un tel passé sans risques « Je vous donne un conseil amical : ne remuez pas ce passé-là, il est noir comme la suie. Vous risquez de vous salir, jeune fille ».
Hélène Gestern introduit des extraits de journaux, des poésies, des lettres pour mieux appuyer les recherches de Laurence, donner plus d’épaisseur à Guillermo Zorgen, à son action, aux relations amoureuses entre cet homme et sa mère.
L’engagement aussi bien amoureux que politique est extrême (ce qui est normal pour un groupuscule politique de cet acabit). L’emprise de Zorgen sur ses troupes est très forte « on a suivi comme des moutons ». La passion entre Guillermo et Sonia intense « Toi et moi on s’aimait, mais ne savait que se faire du mal ». L’amour de Jacques pour Laurence. Tout ceci donne de l’épaisseur, du corps au livre d’Hélène Gestern. Laurence avance lentement dans ce tunnel. A un moment elle dit : « Je ne voulais plus savoir, mais comprendre, ce qui n’avait rien à voir ». Elle s’attarde beaucoup sur Zorgen, pivot de ses recherches : « Au fond, j’avais envie d’être née de cette liaison qui avait eu l’intensité des grands amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. ».
Ce plongeon dans le passé remet en mémoire cette époque post-soixanthuitarde où Action Directe (France), la Bande à Baader (Allemagne), les Brigades Rouges (Italie) faisaient régner une certaine terreur ; où le désir de « tutoyer la mort, la frôler d'aussi près que possible, dans l'espoir de la rencontrer.», celui de tout renverser ; où l’Etat agit en sous-main (les choses ont-elle changé ?)
Un livre sur la passion et ses dégâts ; Un livre sur la renaissance, la reconstruction.
Autant il semble que Laurence Emmanuel semble ne plus contrôler la situation, autant Hélène Gestern la maîtrise avec une narration ciselée, précise. « Eux sur la photo » est un roman épistolaire, ici il y a de la « chair ».
un livre que j’ai beaucoup apprécié.
Brûlures de la passion
Secrets bien enfouis, famille, quête identitaire, recherches, douleurs du secret. Hélène Gestern nous embrigade dans une nouvelle quête, une nouvelle enquête sur les secrets familiaux.
Embrigade est bien le mot car nous nous retrouvons au milieu d’un groupuscule d’extrême-gauche des années 70.
A+ et B-, deux groupes sanguin incompatibles et Laurence découvre brutalement qu’elle n’est pas la fille de son père.
Petit à petit, mais inexorablement, elle va à la pêche aux informations. Spécialiste de l’histoire du papier, son métier, ses relations vont lui permettre d’avancer et de découvrir
Guillermo Zorgen, activiste d’extrême-gauche. Son père ? « Au fond, j’avais envie d’être née de cette liaison qui avait eu l’intensité des grandes amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. » Mais on ne remue pas un tel passé sans risques « Je vous donne un conseil amical : ne remuez pas ce passé-là, il est noir comme la suie. Vous risquez de vous salir, jeune fille ».
Hélène Gestern introduit des extraits de journaux, des poésies, des lettres pour mieux appuyer les recherches de Laurence, donner plus d’épaisseur à Guillermo Zorgen, à son action, aux relations amoureuses entre cet homme et sa mère.
L’engagement aussi bien amoureux que politique est extrême (ce qui est normal pour un groupuscule politique de cet acabit). L’emprise de Zorgen sur ses troupes est très forte « on a suivi comme des moutons ». La passion entre Guillermo et Sonia intense « Toi et moi on s’aimait, mais ne savait que se faire du mal ». L’amour de Jacques pour Laurence. Tout ceci donne de l’épaisseur, du corps au livre d’Hélène Gestern. Laurence avance lentement dans ce tunnel. A un moment elle dit : « Je ne voulais plus savoir, mais comprendre, ce qui n’avait rien à voir ». Elle s’attarde beaucoup sur Zorgen, pivot de ses recherches : « Au fond, j’avais envie d’être née de cette liaison qui avait eu l’intensité des grands amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. ».
Ce plongeon dans le passé remet en mémoire cette époque post-soixanthuitarde où Action Directe (France), la Bande à Baader (Allemagne), les Brigades Rouges (Italie) faisaient régner une certaine terreur ; où le désir de « tutoyer la mort, la frôler d'aussi près que possible, dans l'espoir de la rencontrer.», celui de tout renverser ; où l’Etat agit en sous-main (les choses ont-elle changé ?)
Un livre sur la passion et ses dégâts ; Un livre sur la renaissance, la reconstruction.
Autant il semble que Laurence Emmanuel semble ne plus contrôler la situation, autant Hélène Gestern la maîtrise avec une narration ciselée, précise. « Eux sur la photo » est un roman épistolaire, ici il y a de la « chair ».
un livre que j’ai beaucoup apprécié.