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On ne parle plus aujourd'hui d'une crise succédant à d'autres crises - et préludant à d'autres encore -, mais de "la crise". Désormais globale, touchant aussi bien la finance que l'éducation, la culture, le couple ou l'environnement, elle est aussi devenue permanente. Nous n'en voyons pas l'issue : elle est la trame même de notre existence. La crise, plus qu'un concept, est une métaphore qui ne rend pas seulement compte d'une réalité objective mais aussi d'une expérience vécue.
La modernité, dans sa volonté d'arrachement au passé et à la tradition, a dissous les anciens repères de la certitude qui balisaient la compréhension du monde : l'homme habite aujourd'hui un monde incertain qui a vu s'évanouir tour à tour l'idée de temps nouveaux, la croyance au progrès et l'esprit de conquête.
O Tempora, o Mores...
"Mes pauvres enfants, nous vivons une bien triste époque...", disait ma grand-mère. Je me demandais comment elle le savait, n'en ayant pas vécu d'autres...
Myriam Revault d'Allonnes réussit cette prouesse avec l'aide de Platon, Descartes, Hegel, Kant, Rousseau, Blumenberg (qu'au passage elle m'a fait découvrir..), Foucault et Kundera...
La notion de crise, dans sa dimension de concept et de métaphore, y est disséquée avec un brio didactique éblouissant, et sans tristesse aucune!!
Car "la modernité est un terrain à bâtir et il faut pour cela des fondations solides" ; ce livre y participe remarquablement. M'avancerais-je outrageusement en affirmant que notre auteur est l'Hannah Arendt du XXIè?