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Initialement adoptée en tant que moyen permettant à la nation turque d'accéder au club des nations européennes civilisées, la laïcité, telle qu'elle est interprétée et appliquée en Turquie, est aujourd'hui devenue l'un des obstacles majeurs à l'adhésion de ce pays à l'Union européenne. Certes, en enfermant la religion dans un cadre bien établi et en diminuant ainsi l'influence de celle-ci sur les affaires étatiques et la vie sociale, une conception autoritaire de la laïcité a permis à l'Etat et à la nation turcs d'accéder à la modernité et de s'approcher de la civilisation européenne.
En même temps, une telle application de la laïcité a ralenti considérablement le développement de la démocratie en Turquie. Devenue un véritable dogme, la laïcité a constitué le fondement de la dissolution de plusieurs partis politiques, de la répression de l'expression pacifique des opinions et un des motifs principaux justifiant les interventions des militaires dans la vie politique. Cet activisme militaro-judiciaire nuit gravement à l'évolution de la situation des droits de l'homme en Turquie.
Pourtant, il existe d'autres moyens qui permettent à la fois de protéger le caractère laïque de l'Etat contre le danger d'islamisation et de garantir les droits et libertés fondamentaux, facilitant ainsi l'adhésion de ce pays à l'UE : la protection et la promotion du pluralisme religieux existant au sein de la société turque. C'est dans le développement de la tolérance par rapport aux différentes identités religieuses dans la société turque que l'Etat trouvera le meilleur rempart face au danger de fondamentalisme.