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La Régence de Tunis avant 1881 est-elle un état indépendant comme le voulait la diplomatie française, ou une province ottomane comme l'affirmait la Sublime Porte à Istanbul ? L'historiographie a longtemps suivi l'opinion du vainqueur. Mais dès qu'on quitte le domaine, bien documenté, des relations officielles, l'image devient plus variée et complexe : une partie de l'élite tunisienne est d'origine turque et, bien que très ouverte aux influences européennes, a toujours un oeil tourné vers Istanbul.
Les paysans tunisiens manifestent de multiples preuves de leur vénération pour le sultan-calife, les élèves du collège Sadiqi à Tunis apprennent le turc, les commerçants djerbiens et les marchands de Fez constituent à Istanbul le noyau d'une véritable colonie tunisienne, les rapports entre les dirigeants, les savants et les journalistes des deux côtés sont multiples et font partie du réseau des élites méditerranéennes de l'époque.
Toutes ces relations, peu connues, ne s'arrêtent pas avec l'occupation de la Régence par les troupes françaises. Ce n'est qu'en 1913 que plusieurs liens importants sont rompus. Pour découvrir ce vaste champ au-delà des relations officielles, l'auteur, dans son enquête historique, met à profit certains concepts de la science de la communication. Exploitant des archives tunisiennes et françaises, il présente les hommes et les femmes qui ont pris part, chacun à sa place, aux relations entre Tunis et Istanbul.