L'ENVERS DU JOUR J. - 6 juin 1944, le guet-apens américain

A Omaha Beach et à Utah Beach, les GI's, qui débarquent, ont, dans les poches de leurs tenues de combat, d'étranges billets au ton bleu-vert, ressemblant, trait pour trait, à des dollars américains. Ce sont pourtant des francs, mais des francs d'invasion que de Gaulle n'hésitera pas à qualifier, avec virulence, de fausse monnaie. Mais, à ses yeux, qui est donc le faussaire ? L'administration américaine. En effet, cette monnaie, qui émane de Washington, traduit les immenses tensions qui opposent le chef de la France combattante au président Franklin Delano Roosevelt. C'est la face apparente d'un plan américain, le fameux plan AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories), que la Maison-Blanche, outre-Atlantique, prépare depuis plus de deux années. Il est un peu plus de 20 heures quand, le 6 juin au soir, les premiers des 400 "préfets" alliés, les officiers du corps des Civil Affairs, mettent le pied sur le sol français, près de Sainte-Mère-Eglise. Le projet de Roosevelt, qui est la mainmise sur la France et sur l'Empire, va-t-il réussir ? Rien n'est moins sur, car, depuis des mois, un homme fait face aux prétentions américaines : Charles de Gaulle. Pour l'homme du 18 juin, il faut, certes, chasser l'ennemi nazi du sol national et écarter les préfets de Vichy, mais également protéger, coûte que coûte, la souveraineté et l'indépendance françaises...