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Ironie du calendrier : quelques jours avant la célébration du soixantième anniversaire de l'acte inaugural de la construction européenne, le Parlement de Westminster donnait son feu vert à Theresa May pour entamer les négociations du Brexit. L'Union, qui n'avait cessé jusqu'à présent de s'élargir, va pour la première fois s'amputer d'un membre. Ce précédent enhardit tous ceux qui voient dans l'affranchissement du "joug de Bruxelles" la solution miracle.
A commencer par le Front national en France, pour qui la sortie de l'euro ouvrirait au pays les portes de la rédemption économique. Qu'importe si la solution miracle est un miroir aux alouettes. L'Europe est un bouc émissaire idéal, qui tend le bâton pour se faire battre. Car elle non plus ne tient pas ses promesses. La promesse de prospérité s'est fracassée sur la crise de la zone euro et la longue agonie économique de la Grèce.
L'Union n'est pas plus brillante quand il s'agit de défendre ses valeurs. Les grands principes d'accueil, d'humanité, de respect des droits humains ont sombré en Méditerranée, avec les migrants morts en mer, ou ont été oubliés dans des camps aux portes de l'Europe. Les valeurs d'unité sont mises à mal chaque jour par les divisions entre pays qui condamnent l'Union à l'impuissance. Or, si l'UE n'apporte pas la preuve qu'elle peut tenir ses promesses et qu'elle sait défendre ses valeurs, elle disparaîtra.
Dût-elle céder la place à un chaos bien pire. S. M.