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Grenade, 31 décembre 1066 : 5000 Juifs sont massacrés en une nuit par une foule musulmane en furie. Parmi les morts, Samuel Ibn Kaprun, chef des armées du vizir, premier ministre, receveur des impôts, pourvoyeur d'esclaves, grand poète et... Juif. Echappent à la tuerie, sa jeune fille Gâlâh et Halim, son amant musulman vite assassiné par les brigades intégristes. Mémoire vivante de son peuple, Gâlâh traverse les siècles.
On la retrouve à Séville, à Lisbonne, à Oran, à Constantinople, à Venise, à Treblinka, à Sarajevo, à New-York, à Grenade à nouveau, bien des siècles plus tard, à Paris enfin, devant une école juive, un matin de septembre 2012, où l'attend un tueur prénommé Iblis, nom qui dans le Coran désigne le Diable. L'An prochain à Grenade est un roman d'amour, qui raconte l'idylle entre une jeune femme juive et un poète musulman.
Un roman épique, où résonnent les guerres, les pogroms, les soulèvements populaires. Un roman littéraire, qui par son souffle, s'inscrit dans la lignée du Dernier des Justes et de la Mémoire d'Abraham. Un roman politique, car la nuit noire de 1066 résonne d'une façon étrangement actuelle. Un conte philosophique enfin, qui débouche sur une interrogation essentielle : pourquoi l'antisémitisme, pourquoi l'intolérance, pourquoi la haine ? Ce livre fort donne à lire une indispensable méditation sur l'extrême difficulté (impossibilité ?) à faire cohabiter les croyances religieuses, sur le désenchantement d'un monde où les mots de fraternité et de tolérance ont perdu tout sens.
Quelle histoire, sinon celle subie par la jeune Gâlâh - mémoire vivante du peuple juif - résume à ce point la noirceur de l'humanité ?
Indigeste
Le 31 décembre 1066, les musulmans de Grenade, soulevés par un agitateur qui a semé les graines de la discorde depuis des mois, déferlent dans la ville dans le but d'éradiquer la population juive coupable de tous les maux. Gâlâh, fille de Samuel ibn Kaprun, Nagid et Hadjib de l'émir Abdar al-Fikri, ne doit la vie sauve qu'à sa présence dans la maison d'Halim, son amant musulman. Sentant venir le drame, son père lui a confié le livre où il consigne depuis toujours les évènements qui touchent son peuple, ainsi qu'une khomsa, pierre magique qui donne la vie éternelle. Gâlâh a 14 ans et c'est l'âge qu'elle aura pour toujours. Immortelle, dépositaire de la mémoire du peuple juif, elle va ainsi fuir les massacres, de l'Andalousie où elle est née jusqu'à la Pologne, en passant par la Turquie, les Pays-bas ou New-York.
Il faut beaucoup de courage pour arriver au bout de ce pensum indigeste ! Visiblement Gérard de CORTANZE s'est documenté et il n'est pas décidé à laisser perdre le fruit de ses précieuses recherches. Elles sont donc étalées sur 400 pages sans considération pour le pauvre lecteur dupé par un titre et une 4ème de couverture alléchants. Bien sûr, on ne peut nier l'intérêt de montrer la persécution dont a été victime le peuple juif à travers les siècles. Partout ce n'est que massacres, tortures, pogroms, persécutions, exterminations. Difficile dans ces conditions pour la pauvre Gâlâh de trouver un refuge. Où qu'elle soit, les juifs tentent de s'intégrer mais au moindre souci dans la vie de la ville, ils servent de bouc émissaire. A l'origine de tous les mots, ils sont partout et toujours persécutés. Il était sûrement bon de le rappeler et de montrer que la haine et la violence dont ils sont les victimes remontent à la nuit des temps. Mais pourquoi l'avoir fait au détriment du romanesque ? Avec Gâlah, l'auteur tenait un beau personnage de femme qui méritait mieux qu'un seul rôle de témoin de tous les drames qu'elle traverse. Il n'a pas su lui donner corps, la rendre proche. C'est bien dommage, mais cette dénonciation de la barbarie, de l'intolérance, de la noirceur de l'âme humaine pêche par un manque de souffle et une accumulation d'informations. Intéressant mais trop savant.