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"Je veux que tu sois mon papa" ce sont les mots que Jean-Eudes, un enfant de six ans, adresse à Bernard, en 2003 dans un orphelinat burkinabè. L'idée fait son chemin et Bernard adopte l'enfant. Tout semble aller pour le mieux du point de vue administratif et juridique jusqu'à ce qu'on trouve une faille dans le dossier : la monoparentalité de Bernard. Or, Bernard est gay : sans que ce ne soit jamais mentionné, on comprend que c'est là que se cache le motif du refus.
Jean-Eudes est adopté mais ne peut rejoindre son père en France. Après avoir épuisé tous les recours administratifs, Bernard choisit une solution ultime pour se faire entendre : la grève de la faim. Un récit qui nous entraîne dans les méandres absurdes des administrations et nous fait découvrir tous les aspects d'une Afrique mystérieuse et contrastée.
attachant roman graphique
Il y a l'histoire, le petit Jean-Eudes, qui réclame d'être adapté par Bernard. Déjà, ça c'est touchant. Il y a la réalité : "Vous n'êtes pas marié". Ca, c'est dur, de se l'entendre dire sur le ton qu'on imagine d'autant mieux que le portrait que dessine Bernard de la responsable qui prononce cette phrase couperet est repris par Pontier dans le livre. Il y a la grève de la faim de Bernard pour tenter de vaincre les préjugés (il est homo). Et il y a le regard du dessinateur conteur, qui n'hésite pas à mettre le récit en abîme : "J'ai beau tenter de forcer le trait de leur bouche vers le haut, toujours persiste cet air d'inquiétude." Et il y a le visuel : les traits, les lavis, les contrastes des fonds, la fluidité des cadrages. Un grand plaisir de tenir en main cet ouvrage, cette démonstration, toutes ces têtes, ces yeux, ces yeux qui accrochent notre regard et notre coeur, nous faisant espérer que l'histoire, qui n'est hélas pas terminée, se termine bien - après le livre. Peut-être en partie grâce au livre.