Vermeil, nom cévenol, vieux surnom romain, de vermiculus, vermisseau marin qui fit la fortune des marchands de pourpre. Un nom, un fil, un relais. Mes Vermeil. J'en ai (re)trouvé un pour chacun des cinq siècles de la Réforme. Sans effort, c'est-à-dire par un travail immense et joyeux. Ainsi Matthieu (XVIe siècle), le menuisier liquidé avec la colonie huguenote, laquelle deviendra Rio de Janeiro. Et Gaston (XVIIe), le baroudeur de Montpellier assiégé, devenu Zacharie en Ethiopie, général en chef du négus et mari de sa nièce. Et Claude (XVIIIe), le tonnelier camisard, complotant avec un curé rationaliste la chute du Roi-Soleil, notre boucher, et jeté aux galères. Et le pasteur Antoine Vermeil (XIXe), qui fonde à Paris les diaconesses, fantasme romantique d'un couvent calviniste, l'hérésie. Et Edmond Vermeil (XXe), le germaniste antinazi, et ma cousine du Refuge, la pasteure allemande Ariane Vermeil, que je vais revoir pour la première fois depuis 1685, révocation de l'édit de Nantes. Et moi qui rencontre le pape des catholiques...
Si cet ouvrage croise toute l'histoire du protestantisme, c'est d'abord un témoignage pour aujourd'hui : ce qu'un protestant de la fin du XXe siècle comprend de son identité, ce qu'il retient, dans un vertige de roman, de cette mémoire qui a contribué au meilleur de la France : la Renaissance, les Lumières, 1789, la laïcité, la Résistance, l'humanisme. Et la tolérance qui, de nos jours, parfois vacille. JEAN VERMEIL.