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Dans un ouvrage très documenté, précis et vivant, Lazhar Gharbi a étudié la politique de crédit de la Banque d'Algérie pendant le second XIXe siècle. Il distingue deux périodes. Pendant la première allant de 1851 à 1880, la Banque a cherché à asseoir son crédit plutôt que de s'imposer comme une banque centrale. Cette stratégie d'orthodoxie financière et monétaire lui a permis de concilier son monopole public (émission monétaire, gestion du compte du Trésor et son rôle de banque des banques) et son activité comme une banque d'affaires.
Cette politique marquée par la prudence qui lui a permis de faire face aux crises économiques de 1860 et 1875, lui a valu d'être comparée à la Banque de France. Après 1880, la Banque d'Algérie change de stratégie. Les crédits qu'elle accorde sans restriction aux colons vont développer une vague de spéculation et d'euphorie générale. Quand la conjoncture capitaliste se renverse, la restriction brutale des crédits provoque l'asphyxie de l'économie coloniale et la menace d'un effondrement de tout le système bancaire algérien.
Les Européens vont défendre avec acharnement leur Banque devant le pouvoir métropolitain, au point d'en faire un symbole de la personnalité algérienne et de l'autonomie financière de la Colonie. Inquiet, le gouvernement sauve de la faillite l'institut d'émission algérien. Il lui confirme son privilège de banque d'émission, l'installe à Paris sous son contrôle et élargit son rôle à toute l'Afrique du Nord, à commencer parla Tunisie occupée depuis 1881.