En cours de chargement...
Longtemps négligé, le thème de l'expansion coloniale impérialiste en Afrique et en Asie et parfois ailleurs - a donné lieu à des travaux importants en France depuis la dernière décennie du XXe siècle. Le fait n'est pas fortuit. En effet, la période coloniale, avec ses excès de violence, d'arrogance, ses politiques raciales et sa tolérance de l'esclavage, remettait en question les idées de " progrès social " si importantes dans la rhétorique étatique française.
L'exception française face à l'oubli de l'histoire coloniale tient peut-être au fait qu'en France l'histoire est idéologisée par " tradition nationale ". La mise à distance du fait colonial paraît, encore aujourd'hui, un exercice difficile qui devrait pourtant être adopté pour mieux comprendre le présent et envisager le futur. Or, si les perceptions du passé colonial ont commencé à se transformer c'est probablement parce que l'histoire coloniale a rattrapé le présent politique et culturel avec les migrations massives des ressortissants des anciennes colonies africaines et asiatiques.
En France, les violences urbaines de l'automne 2005 ont montré l'importance de tensions sociales associées à la marginalité des Français issus de l'immigration, notamment ceux originaires des anciennes colonies françaises. Dans cet ouvrage collectif, nous voulons proposer une nouvelle manière d'analyser la question coloniale et les héritages contemporains post-coloniaux dans la région saharo-sahélienne de l'Afrique, en prêtant une attention spéciale aux cadres comparatifs et interdisciplinaires.
Nous proposons vingt-quatre contributions écrites par des historiens, des anthropologues et des politistes portant sur les problèmes conceptuels de l'étude des colonisations en Afrique, sur le fait colonial lui-même et enfin sur les héritages contemporains. L'approche interdisciplinaire, qui associe l'histoire avec l'anthropologie et la politologie, nous permet de comprendre les relations complexes qu'entretient le passé, souvent très proche, avec le présent.
Nous tentons de remettre en question les catégories et les méthodes analytiques positivistes et nationalistes qui ont servi et qui servent encore à décrire et à interpréter le fait colonial européen des XIXe et du XXe siècle, à partir d'une perspective qui place l'expansion impérialiste, l'héritage post-colonial, et l'invention des traditions au centre de l'analyse. Cependant, si cette expansion impérialiste fait partie de l'histoire européenne, notre perspective privilégie le point de vue et l'histoire des sociétés sahariennes et sahéliennes.
C'est l'histoire africaine qui nous intéresse au premier chef et c'est pour la mettre en lumière que nous nous intéressons à l'histoire des puissances coloniales européennes présentes (la Grande Bretagne, la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal) au Sahara et au Sahel.