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On sait la formule "lapidaire" de Mauriac : "Bordeaux, ville sans arbres". Et, de fait, cette forêt pétrifiée dérobe jalousement ses jardins secrets, offrant au passant la rigide harmonie de ses façades, la splendeur parfois meurtrie mais toujours sans défaut de son architecture "classique". Pourtant, grâces en soient rendues à ses bâtisseurs, l'étau architectural se desserre, un peu partout, au fil des rues, en une multitude de places et placettes, certaines illustres, d'autres bien plus humbles, souvent méconnues ; ici, la foule pressée, d'instinct, ralentit sa course, consent à faire halte, à se ressaisir pour la contempler face à face, sous un miroir de ciel, cette intimidante beauté enfin redevenue humaine.
Telles sont ces Clairières dans la Ville que le pinceau aigu de Jacques Guibillon a fixées avec une élégance à la fois malicieuse et sensible autour de laquelle je me suis laissé entraîner à quelque rêverie. Que vaudrait la plus belle des villes si la pierre éternelle n'y affirmait l'émouvante, la fugace présence des vivants ?