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L'acte de boire de l'alcool se conforme à des normes de comportement, des conventions sociales ou culturelles, des projections imaginaires. En Turquie, l'alcool ne fait partie ni des modes traditionnels de sociabilisation, ni des codes d'hospitalité et ne répond pas à des fonctions traditionnelles de partage ou d'échange. L'abstinence y est marquée et le discours est intolérant. Cette «bonne moralité» généralisée ne peut se distinguer des proscriptions musulmanes sur la consommation de l'alcool et de l'influence du milieu dans sa morphologie sociale (structures des relations interfamiliales et communautaires, pratiques de voisinage, situation de migration interne...).
Elle ne doit pas aussi masquer une diversité de pratiques, diversité qui, certes, ne concerne qu'une fraction de la population, mais une diversité extrêmement prononcée. Les modes de consommation, les espaces choisis, les boissons choisies - et, en Turquie, le simple fait de boire ou ne pas boire - participent à l'affirmation d'une identité culturelle, sociale et... politique. La thématique «alcool» est devenue ces dernières années un objet de mobilisation politique.
Dans des débats où se mêlent respect de la démocratie, des libertés ou des traditions, de la religion ou de la laïcité, l'alcool cristallise les positions et les idéologies des uns et des autres.