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Ce cochon de métier qui vous entraîne, vous, Bam, dans des pays impossibles, loin de votre famille, au fond des rizières boueuses, suant et peignant, ce cochon de métier qui m'oblige, moi, à aller faire l'âne au Plan septennal ou autres ministères et administrations, à courir dans le chantier, les écuries, les labos, vers le distillateur en panne, le bâtiment que je n'arrive pas à finir, accablé des mille ennuis idiots de la vie quotidienne, est tout de même indiscutablement le plus beau des métiers.
Il suffit de trouver en arrivant ce matin-là sur son bureau, alors que la journée s'annonce pleine de besognes grises et sans joie, votre télégramme qui m'annonce que vous avez trouvé la peste pour comprendre que là est le but, l'aboutissement de tout ce travail ingrat... Comme je suis fier de vous, Bam, vous qui savez qu'il fallut plus de 6 500 rongeurs et je ne sais combien de milliers de puces pour obtenir cet unique résultat positif ! C'était en 1957, Marcel Baltazard écrivait à son collaborateur et ami, Mahmoud Bahmanyar, qui venait de trouver la peste en Indonésie.
De 1946 à 1966, BALTA, ainsi appelé par ses amis, fut à Téhéran le directeur, l'âme de l'Institut Pasteur de l'Iran. Sa vie professionnelle, commencée en 1932 à l'Institut Pasteur de Casablanca, s'acheva avec sa mort en août 1971, après avoir créé à l'Institut Pasteur de Paris, sa " maison-mère ", comme il l'appelait toujours, le premier cours d'épidémiologie.