Quand on veut être écrivain à 20 ans, on perd généralement beaucoup de temps, beaucoup trop en vérité. La vie a cependant une qualité : elle vous nourrit d’une multitudes d’expériences et, lorsque 35 plus tard vous publiez votre premier roman, il possède une densité que vous n’auriez jamais obtenir lorsque vous étiez un jeune Rastignac de la littérature. C’est un peu ce qui arrive à Vincent Peillon qui fut en son temps responsable socialiste et ministre de l’Education nationale. Mais quelle importance? Notre néo écrivain a déjà plusieurs publications, en particulier
sur l’Ecole de la République ainsi que sur le trop souvent négligé Ferdinand Buisson. Mais cette fois “Aurora” est vraiment une oeuvre romanesque qui à toutes les qualités d’un d’un thriller géopolitique saisissant et sanglant.
“Aurora” correspond au nom d’un consortium industriel impitoyable qui s’est emparé des réserves de pétrole et de gaz du grand Nord. Hans Ritter, son fondateur, est un ancien nazi convaincu et sans scrupules dont le parcours est décrit avec un soin du détail historique tout à fait étonnant. Ce dernier est protégé par des faucons du parti républicains aux Etats Unis et des responsables de l’Otan pour des raisons qui sont très éloignés d’une quelconque philosophie humaniste. Mais l’affaire serait trop simple si d’anciens agents du Mossad ne venaient rebattre les cartes dans un imbroglio où les intérêts statégiques, politiques et économiques sont mêlés. L’affaire ne va pas tarder pas à tourner à la tragédie.
Vincent Peillon révèle de véritables qualités d’écrivain. Il sait donner du rythme à son récit et mêler les intrigues avec le métier d’un vieux briscard du polar. On sent que notre homme a beaucoup lu. On peut se risquer à imaginer que Manchette joua un rôle dans son éducation du côté du roman noir français mais on devine l’influence de l’anglais John le Carré et de l’américain Clancy. Sa syntaxe est sobre et Peillon n’a pas son pareil pour rendre crédibles des affrontements politico-industriels contradictoires. On oublie vite son passé politique sinon, peut être, qu’il fut dans les années 90 un jeune député coriace qui présida une commission parlementaire sur le blanchiment d’argent. Les paradis fiscaux, les comptes offshores, la criminalité financière sont des thèmes qu’il connait parfaitement et qu’il sait réinjecter avec beaucoup de réalisme dans son roman.
L’intrigue complexe d’”Aurora” aurait brisé les reins de plus d’un apprenti écrivain mais visiblement Vincent Peillon était déjà un écrivain confirmé, nous venons de le découvrir.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Quand on veut être écrivain à 20 ans, on perd généralement beaucoup de temps, beaucoup trop en vérité. La vie a cependant une qualité : elle vous nourrit d’une multitudes d’expériences et, lorsque 35 plus tard vous publiez votre premier roman, il possède une densité que vous n’auriez jamais obtenir lorsque vous étiez un jeune Rastignac de la littérature. C’est un peu ce qui arrive à Vincent Peillon qui fut en son temps responsable socialiste et ministre de l’Education nationale. Mais quelle importance? Notre néo écrivain a déjà plusieurs publications, en particulier sur l’Ecole de la République ainsi que sur le trop souvent négligé Ferdinand Buisson. Mais cette fois “Aurora” est vraiment une oeuvre romanesque qui à toutes les qualités d’un d’un thriller géopolitique saisissant et sanglant.
“Aurora” correspond au nom d’un consortium industriel impitoyable qui s’est emparé des réserves de pétrole et de gaz du grand Nord. Hans Ritter, son fondateur, est un ancien nazi convaincu et sans scrupules dont le parcours est décrit avec un soin du détail historique tout à fait étonnant. Ce dernier est protégé par des faucons du parti républicains aux Etats Unis et des responsables de l’Otan pour des raisons qui sont très éloignés d’une quelconque philosophie humaniste. Mais l’affaire serait trop simple si d’anciens agents du Mossad ne venaient rebattre les cartes dans un imbroglio où les intérêts statégiques, politiques et économiques sont mêlés. L’affaire ne va pas tarder pas à tourner à la tragédie.
Vincent Peillon révèle de véritables qualités d’écrivain. Il sait donner du rythme à son récit et mêler les intrigues avec le métier d’un vieux briscard du polar. On sent que notre homme a beaucoup lu. On peut se risquer à imaginer que Manchette joua un rôle dans son éducation du côté du roman noir français mais on devine l’influence de l’anglais John le Carré et de l’américain Clancy. Sa syntaxe est sobre et Peillon n’a pas son pareil pour rendre crédibles des affrontements politico-industriels contradictoires. On oublie vite son passé politique sinon, peut être, qu’il fut dans les années 90 un jeune député coriace qui présida une commission parlementaire sur le blanchiment d’argent. Les paradis fiscaux, les comptes offshores, la criminalité financière sont des thèmes qu’il connait parfaitement et qu’il sait réinjecter avec beaucoup de réalisme dans son roman.
L’intrigue complexe d’”Aurora” aurait brisé les reins de plus d’un apprenti écrivain mais visiblement Vincent Peillon était déjà un écrivain confirmé, nous venons de le découvrir.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)