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« Qui a tué Gilles Jacquier, journaliste de France 2, le 11 janvier 2012 à Homs, Syrie. Unis par le sort – nous étions présents lors du décès du grand reporter d’Envoyé spécial – et par ce besoin de trouver la vérité, nous avons mené l’enquête pour comprendre ce qui s’est réellement passé dans la ville symbole de la résistance au régime de Bachar Al Assad, afin de lever le voile sur le meurtre du reporter français.
Le premier, malheureusement, d’une longue série. Pour nous, il est clair que la mort de Gilles est un crime d’Etat. Vicieux et machiavélique. A l’image de cette Syrie sanglante, mystérieuse et complexe, gérée de main de fer par la famille Assad. De cette Syrie à feu et à sang depuis quelques mois et qui se déchire sous le regard gêné d’une communauté internationales impuissante. » Caroline Poiron, dans ce récit à la première personne complété par les commentaires et analyses de Patrick Vallélian et Sid Hammouche, enquête sur le déroulement des faits ce fameux 11 janvier.
Pourquoi leur escorte de sécurité disparaît-elle à la première explosion, et pourquoi la circulation est bloquée de 15h20 à 15h26, puis reprend comme si de rien n’était. Comment la religieuse chrétienne qui leur a facilité l’entrée en Syrie se révèle avoir de la sympathie pour le régime de Bachar El Assad et quel rôle a-t-elle joué ? Qui sont les pros Bachar qu’on les invite à filmer pour couvrir une manifestation ? Gilles Jacquier était-il visé personnellement ? Quelle arme a été utilisée ? Autant de questions qui vont trouver des réponses au cours de mois d’investigation en France, en Syrie, au Liban, en Turquie, en Egypte, au Maroc où les trois auteurs ont rencontré des hommes politiques, des experts, et des acteurs de premier plan.
Ils ont recueilli les témoignages d’une vingtaine d’intervenants : des présidents Sarkozy et Hollande, au caméraman de Gilles Jacquier, de l’ambassadeur de France en Syrie au lieutenant Abdel Razzak Tlass, 1er déserteur de l’armée syrienne libre, aux commandes à Homs le jour de l’attentat, d’experts en balistique, au chauffeur.
Subjectif
J'ai été un peu déçue par ce document parce que je pensais en apprendre davantage sur la manière dont Bachar al-Assad maltraite son peuple or Caroline Poiron veut ici surtout montrer comment il manipule les médias, de manière parfois malhabile d'ailleurs car il est capable de leur faire rencontrer un prétendu prisonnier que le journaliste rencontre ensuite parfaitement libre dans la rue. J'ai trouvé que parfois, on tournait en rond mais globalement, Caroline Poiron atteint son but. Elle règle quelques comptes avec certains journalistes, notamment avec Jaques Duplessy qui en Syrie, montre à la religieuse qui les accueille l'article que l'auteure a écrit quand elle avait infiltré les rebelles, ou avec des journalistes belges qui filment Gilles Jacquier sur son lit de mort sans s'occuper d'elle qui est à côté. Ce qui est aussi très intéressant, c'est de constater la désinformation qui suivra cette mort, même et surtout en France où un George Malbrunnot va énoncer des contre-vérités étayées par on ne sait quelle source. Ce qui m'a paru le plus fascinant dans ce document, c'est le portrait de cette religieuse qui semble avoir mené Jacques Cartier à la mort, une femme très proche du pouvoir mais aussi de personnes peu recommandables comme Thierry Messan. Cette mère Agnès (ici en photo avec Gilles Jacquier) est presque un personnage de roman, malheureusement, elle est bien réelle. Ce livre m'a tout de même permis de comprendre pourquoi Bachar al-Assad était protégé par d'autres puissances, notamment parce qu'il est laïc. C'est surtout un hommage d'une femme à son mari et cela donne à réfléchir que l'objectivité de ces propos. Comment garder assez de distance quand on fut au coeur de l'action?