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Je dis souvent qu'il est de plus en plus difficile d'écrire pour le théâtre. Le théâtre a une fonction sublimante; or ce qui fonde une collectivité, une ethnie, un pays, c'est l'adhésion à certaines coutumes, rites, philosophies, idéaux, croyances religieuses communes, bref, un ensemble d'échelles de valeur que l'évolution de la vie a tendance à tourner en dérision. D'où un théâtre de la dérision, de la déréliction et du non-sens.
A contrario, le siècle dernier a été marqué par un théâtre axé sur la critique sociale issue de la dialectique marxiste et dont Brecht a été le fer de lance. Le théâtre de Jeener est avant tout un théâtre de situation contemporaine. Pour lui le monde n'est ni absurde, ni globalement expliqué. Simplement, il est difficile, très difficile. C'est une vision du monde qui se maintient dans une extrême tension entre l'éblouissement devant le miracle que constituent l'existence et l'angoisse d'un monde voué à l'injustice, à l'échec, à la souffrance et à la barbarie.
Extrait de la préface de Laurent Terzieff